L'ASTHME
EXPOSE
D'UN CAS CLINIQUE PAR LE MEDECIN TRAITANT
SYNTHESE DE L'ANALYSE DE VINGT CAS D'ASTHME
TRAITES
Dans le cadre de la "Deuxième Journée Tunisienne
de Phytothérapie et Plantes Médicinales" organisée
à Monastir par le Professeur R. CHEMLI - sous le patronage du
ministère de la Santé et de lEnseignement supérieur
- les docteurs Christian DURAFFOURD et Jean-Claude LAPRAZ ont exposé
les possibilités thérapeutiques offertes par la phytothérapie
clinique selon la théorie endocrinienne du terrain, dans le traitement
de l'asthme.
Les
vingt cas présentés, lors de cette rencontre, concernaient
des malades qui ont été traités par les médecins
membres du groupe de recherche de la SFEEM : les docteurs Francis ALLIOT,
Axelle BRISARD, Alain CARILLON, Martine CHARLES, Laurent DAVID-HENRIAU,
Thierry DESGRANGES, Rozenn DODEUR, Marc HENRIOT, Marie-Thérèse
GOURDIER, Ghislaine GRIMALDI, Pierre LAPRAZ, Sylvia LAPRAZ-MICHEL, Jacques
LOUBET, Marie-Odile RENAUDIN, Thierry TELPHON.
PHYTO
2000 a choisi de relater lun dentre eux, puis de donner
la synthèse des éléments phytothérapiques
qui ont pu être conseillés dans leur traitement, afin de
montrer la complexité de lapproche de cette affection en
médecine de terrain endocrinien. En effet, la compréhension
des mécanismes générateurs et inducteurs de l'asthme
- et de ceux assurant son maintien et sa perdurance - ainsi que les
choix thérapeutiques quelle implique, ne peuvent pas relever
dune vision simplificatrice qui voudrait que la bonne nature y
pourvoie tout "naturellement"...
Un
tel exposé, réservé plus particulièrement
à la réflexion médicale, nous est apparu indispensable
en ce qu'il justifie parfaitement le choix des médecins de la
SFEEM de maintenir la phytothérapie à l'intérieur
du cadre légal de la médecine.
EXPOSE D'UN
CAS CLINIQUE PAR LE MEDECIN TRAITANT
Présentation
du patient
Mme Jeanne B..., âgée de 39 ans, souffre d'un asthme rebelle
évoluant depuis plusieurs années. Elle vient nous consulter
pour la première fois en avril 95.
Dans les antécédents personnels, on retiendra essentiellement
le passé allergique de cette patiente. A l'âge de 2 ans
est apparu un eczéma des plis et du cuir chevelu rapidement accompagné
de crises asthmatiques qui deviendront très vite récidivantes.
Elle se décrit comme une enfant chétive avec manque d'appétit
jusqu'à l'âge de 10 ans où elle subira une appendicectomie.
Ses premières règles s'installent à 12 ans, avec
des cycles rapidement très réguliers de 28 jours.
De la puberté à 25 ans, elle a de nombreux épisodes
asthmatiques avec surinfection et persistance, de façon intermittente,
d'eczéma à localisation exclusive au cuir chevelu et parfois
aux plis des coudes.
Lasse de ne pas être améliorée suffisamment par
les traitements classiques associant anti-inflammatoires, corticoïdes
inhalés et antibiotiques, elle décide de pratiquer une
désensibilisation à la poussière, aux acariens,
aux poils de lapin, pendant 4 ans, ce qui l'améliore passagèrement,
sans toutefois empêcher la survenue de plusieurs épisodes
asthmatiques, chaque année, surtout en période hivernale
ou humide.
Fait important, elle remarque que pendant ses deux grossesses survenues
à 28 et 30 ans, elle s'est sentie particulièrement en
forme et, surtout, n'a eu à souffrir d'aucune crise d'asthme.
Elle rapporte que ses accouchements se sont bien déroulés,
qu'elle a allaité son premier enfant pendant un mois, mais pas
le second bien qu'elle ait eu une montée de lait normale.
Elle a eu recours à une contraception par oestro-progestatifs
pendant plus de 17 années, de 19 à 36 ans.
A partir de l'âge de 33 ans, elle est reprise par des crises d'asthme
et des bronchites asthmatiformes surinfectées fréquemment
avec angines infectieuses traitées par antibiothérapie,
corticothérapie et sprays de bêta-stimulants. Devant l'importance
des amygdales cryptiques et la récidive des épisodes infectieux,
une amygdalectomie est pratiquée en 1992, ce qui ne fera qu'aggraver
les récidives de surinfection bronchique les années suivantes
et accroître l'eczéma qui s'étendra même au
visage.
Examen clinique
Lors de sa première consultation, Mme B... se plaint d'une dyspnée
quasi constante à l'effort et parfois même au repos, résistant
au Bécotide et au Sérévent. Elle parle de l'hiver
difficile qu'elle vient de passer avec plus de trois épisodes
asthmatiques surinfectés. Elle est asthénique, ses cycles
menstruels sont réguliers, elle a un stérilet, n'a jamais
de mastodynies mais souffre de jambes lourdes, d'extrémités
froides facilement et de frilosité. Son appétit est modéré.
Elle décrit une intolérance aux laitages qu'elle a supprimés
de son alimentation depuis plusieurs années. Sa digestion est
correcte, tout au plus elle signale quelques épisodes de poussées
hémorroïdaires et une tendance à la constipation
qui est, en général, améliorée par des extraits
à base de Ginkgo biloba. Dans les antécédents familiaux,
on retrouve l'allergie chez le père, sous forme d'eczéma
exclusivement, associée à un diabète gras vers
la quarantaine.
L'examen clinique retiendra un poids à 55 kg pour 1,63 m, une
pression artérielle à 12/7, l'auscultation retrouvera
des sibilants(1) dans les deux champs pulmonaires et une expectoration
jaunâtre, plus ou moins épaisse et collante lors d'un effort
de toux.
L'examen de la cavité buccale notera une langue saburrale(2)
discrètement fissurée en son milieu, un subictère(3)
palatin et des piliers amygdaliens violines. Elle n'a pas de signe de
Chvostek(4) et a une mydriase(5) modérée sans hippus(6),
la thyroïde est discrètement congestive. L'examen de l'abdomen
révèlera une congestion splanchnique(7) avec une zone
d'intestin grêle sensible à la palpation ainsi que la zone
caecale et colique droite. Elle a une peau plutôt mate, signale
qu'elle bronze facilement. Elle présente quelques boutons sur
le haut du dos ainsi que quelques molluscum pendulum(8) autour du cou.
Approche
simplifiée des éléments de l'état critique
et pré-critique
Les premiers traitements proposés (ordonnances 1 et 2) tenteront
de réduire la composante dhyper-réactivité
neurovégétative double para et alphasympathique pour faciliter
l'expression bêtasympathique tout en régulant la fonction
pancréatique exocrine et en assurant une décongestion
splanchnique.
Ordonnance
n°1 : avril 95
1)
HE
eucalyptus globuleux
HE thym vulgaire
HE sarriette des montagnes
aa 1,5 g
Elixir de papaïne qsp 125 ml
2)
Carduus
marianus (folia) TM
Plantago major TM
Ginkgo biloba TM
aa qsp 125 ml
Prendre
60 gouttes de chaque mélange avant les 3 repas, dans un verre
d'eau, avec à chaque fois :
2 comprimés de Pancréal Kirchner
2 comprimés de Vibtil
2 gélules de poudre de ményanthe 0,25 g
2
comprimés de Désintex
Suppression
des sucres et sucreries
Commentaire
1) Association d'huiles essentielles anti-infectieuses à tropisme
pulmonaire, à activité régulatrice pancréatique
endocrine et exocrine (eucalyptus), glyco-corticostimulante (thym et
sarriette), vagolytique (thym) ;
2) Association décongestionnante splanchnique (Carduus marianus),
anti-allergique (Plantago, Ginkgo), anti-inflammatoire (Plantago), décongestionnante
pelvienne (Ginkgo) ;
Pancréal Kirchner : extrait pancréatique ;
Vibtil : aubier de tilleul, cholérétique doux ;
Poudre de ményanthe : vagolytique et parasympatholytique, bêtastimulant
;
Désintex : thiosulfate de magnésium, anti-allergique.
Ordonnance
n°2 : septembre 95
1) HE eucalyptus globuleux )
HE thym vulgaire ) aa 2 g
HE géranium rosat )
Elixir de papaïne qsp 125 ml
aa 2 g
2)
Avena sativa TM 25 g
Hypericum perforatum TM
Viola tricolor TM aa qsp 125 ml
Prendre
60 gouttes de chaque mélange avant les 3 repas dans un verre
d'eau avec à chaque fois :
2 comprimés de Vitadil
2
comprimés de Flaviastase
2
comprimés de Magnogène
2
gélules de poudre de ményanthe 0,30 g
Suppression
des sucres et sucreries
Commentaire
1) Association d'huiles essentielles anti-infectieuses à tropisme
respiratoire et pancréatique, stimulantes du cortex surrénal
;
2) Association anti-allergique, antihistaminique (Viola tricolor), anti-inflammatoire
et sympathomimétique (Hypericum perforatum), assurant un soutien
thyroïdien bas modéré (Avena sativa) à l'entrée
de l'automne pour moduler la réactivité TSH ;
Vitadil : association de noyer, plantain, zinc à action anti-allergique,
régulatrice histaminique anti-agrégeante plaquettaire
;
Flaviastase : enzymes pancréatiques.
Nos
prescriptions apporteront à Mme B... une amélioration
certaine en réduisant nettement les surinfections : une seule,
lors de la première année de traitement phytothérapique,
jugulée par le traitement d'urgence préconisé (ordonnance
3).
Ordonnance
n°3 : en cas de crise avec surinfection
1) Continuer le traitement de fond en prenant les préparations
magistrales 5 fois par jour
2) Poires rectales
3
fois par jour pendant 3 jours
2 fois par jour pendant 5 jours
1 fois par jour pendant une semaine avec :
4
cuillerées à soupe d'eau
+ 2 ampoules Granions de cuivre
+ 2 ampoules de Granions d'or
+ 2 ampoules de Granions d'argent
+ 1 cuillerée à café du mélange :
HE
sarriette des montagnes
HE eucalyptus globuleux
HE cyprès commun
HE thym vulgaire aa 5 g
Ribes nigrum Bgs Mac Glyc D1 qsp 125 ml
3)
Frictions thoraciques avec :
HE lavande officinale 6 g
HE cyprès commun
HE sarriette des montagnes
HE eucalyptus globuleux
HE pin sylvestre aa 4 g
Camphre
Gaïacol aa 1 g
Moutarde 0,025 g
Glycérine 20 g
Alcoolat de tanin qsp 250 ml
Commentaire
2) Préparation à visée anti-infectieuse, à
tropisme bronchique, vagolytique et bêtastimulante, antitussive.
Ainsi,
pour la première fois depuis bien longtemps, notre patiente passera
une année sans antibiothérapie.
Malgré
nos traitements, Mme B... garde un essoufflement à l'effort et
des expectorations plus ou moins épaisses, abondantes, sauf en
période d'été quand elle est en vacances dans le
midi de la France.
En novembre 96, elle consulte en signalant qu'elle a un sommeil plus
perturbé en deuxième partie de nuit et, surtout, que depuis
trois cycles, elle est extrêmement fatiguée une semaine
avant ses règles, avec apparition de vertiges importants associés
à une hypotension à 9/6. Elle se plaint d'une rétention
d'eau essentiellement localisée au niveau des deux membres inférieurs
malgré une alimentation saine et sans excès. Depuis plusieurs
mois, également, ses expectorations sont plus abondantes, un
peu épaisses, sans aucune surinfection cependant. Enfin, il lui
semble être plus gênée sur le plan respiratoire la
semaine précédant les menstruations et, pour la première
fois, depuis l'arrêt des contraceptifs, elle a eu un cycle de
34 jours suivi d'un cycle de 24 jours.
Aucun élément exogène de nature physique ou psychique
ne semble devoir être intervenu pour expliquer cette symptomatologie.
A l'examen, nous serons effectivement frappé par l'infiltration
oedémateuse des membres inférieurs qui s'est accrue par
rapport au premiers examens, se traduisant par des plaques cellulitiques
infiltrées, des chevilles à la face interne des genoux,
la congestion splanchnique étant réapparue également,
la palpation des seins retrouvera une zone mastique du quadrant supéro-externe
(QSE) du sein droit.
Visiblement notre patiente est entrée dans ce que le Dr DURAFFOURD
nomme la répétition générale de la ménopause,
période s'étalant sur une durée de 12 à
18 mois, selon les terrains structuraux, et qui correspond à
une baisse fonctionnelle de la sécrétion ovarienne, informant
déjà l'axe hypothalamo-hypophysaire de ce qu'il adviendra
sept à dix années plus tard en périphérie.
Ainsi, pour notre patiente, c'est l'entrée dans cette phase qui
participe à la faire changer de niveau d'équilibre et
contribue à augmenter l'ensemble de ses sécrétions
et congestions. Les traitements suivants viseront à corriger
l'hyperaldostéronisme(9) secondaire majoré par l'insuffisance
lutéale survenant en seconde partie du cycle, tout en réduisant
fortement la composante histaminique qui participe à l'aggravation
et à l'entretien des mécanismes congestifs (ordonnance
4).
Ordonnance
n°4 :
1) Clarityne : 1 comprimé par jour
2) Extranase : 10 comprimés 4 fois par jour
3) Vitadil : 1 comprimé aux 3 repas
4) Flaviastase : 2 comprimés midi et soir aux repas
5) Poudre de ményanthe 0,40 g : 2 gélules aux 3 repas
6)
HE hysope officinale 2,5 g
Hyssopus officinalis TM qsp 125 ml
40 gouttes matin, midi et 17 heures dans un verre d'eau
7)
Alchemilla vulgaris TM 125 ml
75 gouttes avant les 3 repas dans un verre d'eau
8) Fruits séchés de paliure
Feuilles d'alchémille
Feuilles de bourrache qsp
3
cuillers à soupe du mélange dans un litre d'eau froide.
Faire bouillir 7 mn, laisser infuser 14 mn. Boire 3/4 litre par jour
du 10ème au 25ème jour du cycle.
Commentaire
1) Antihistaminique classique nécessité, ici, par le risque
de multiplication des récepteurs à l'histamine induit
par le changement de niveau d'équilibre ovarien : insuffisance
lutéale et hyperaldostéronisme secondaire ;
2) Bromélaïne, anti-oedémateux et progestérone-like
;
6) Préparation synergique anti-allergique et anti-inflammatoire,
vagolytique et sympathomimétique indirecte,
7) Plante astringente, décongestionnante, dépurative,
anti-infectieuse, à activité endocrine, lutéale
et régulatrice pancréatique hypoglycémiante indirecte
;
8) Décoction de plantes à action synergique anti-aldostéronique,
diurétique volumétrique uricosurique et azoturique avec
la paliure, antigonadotrope et antialdostérone avec la bourrache,
lutéale avec l'alchémille.
Au
terme de deux années de traitement de terrain, Mme B... se trouve
nettement améliorée sur le plan général,
et asthmatique en particulier, puisqu'elle ne fait plus que de rares
crises d'asthme qu'elle jugule uniquement avec les traitements phytothérapiques,
et qu'elle ne se surinfecte quasiment plus.
L'équilibre génital de cette patiente semble bien
être le facteur inducteur pré-critique de l'expression
allergique asthmatique, associé à l'insuffisance fonctionnelle
relative de sa thyroïde entraînant un appel sécrétoire
compensateur permanent de relance de l'axe TRH-TSH(10).
En effet, elle présente un équilibre sécrétoire
ovarien globalement bas avec hyperfolliculinie relative lors de l'entrée
en phase de répétition générale de la ménopause.
L'amélioration de sa symptomatologie allergique pendant ses deux
grossesses témoigne du meilleur équilibre métabolique
induit par l'inondation sécrétoire oestro-progestéronique
placentaire, alors que le niveau sécrétoire ovarien de
base, suffisant pour permettre une régularité cyclique,
est insuffisant pour faire face à un surcroît de demande
adaptative métabolique notamment nécessitée par
un axe TRH-TSH toujours très réactif chez notre patiente.
Cette différentielle saccroît lors de la baisse fonctionnelle
normale de la sécrétion ovarienne à la quarantaine,
laissant apparaître l'insuffisance lutéale avec irrégularités
des cycles, mastodynies et mastose du QSE des seins, surtout droit,
et réapparition de l'asthme en phase prémenstruelle.
L'organisme tente de corriger le déséquilibre électrolytique,
potassique notamment, induit par cette hyperoestrogénie avec
hypersollicitation pancréatique en créant un hyperaldostéronisme
secondaire franc, visible cliniquement par la qualité et la localisation
de l'infiltration, ainsi que par l'abondance des sécrétions
pulmonaires.
Par ailleurs, s'associe un hyperthyroïdisme haut et de relance
TRH-TSH qui accroît la quantité des sécrétions
déjà favorisées par l'hyperaldostéronisme
secondaire. La réactivité TSH aura été exacerbée
en 1992 lors de l'amygdalectomie et participera à la rechute
constatée au décours.
Enfin, elle a une cortico-surrénale qui est essentiellement adaptative
avec retard à la décharge bêtasympathique majorée
par l'augmentation des sécrétions autacoïdes(11),
essentiellement hyperhistaminémie.
Face à cet équilibre endocrinien et métabolique,
on comprend qu'une simple variation de l'équilibre neurovégétatif
suffira à déclencher la crise et à faire rentrer
notre patiente dans l'état critique, ce d'autant plus qu'elle
présente une hypervagotonie de base avec hyperalphasympathisme
réactionnel, et que sa congestion splanchnique est très
importante du fait de l'accroissement de la réactivité
neurovégétative périphérique.
SYNTHESE
DE L'ANALYSE DE VINGT CAS D'ASTHME TRAITES
PAR LES MEDECINS DE LA SFEEM
Leur
évolution permet de mettre en évidence un certain nombre
de points.
- Il s'agit de patients qui étaient, pour la majorité
d'entre eux, porteurs de manifestations asthmatiques évoluant
depuis de nombreuses années, associées à des pathologies
infectieuses touchant les divers organes et sphères de l'appareil
broncho-pulmonaire, et parfois à des manifestations allergiques
touchant la sphère cutanée.
- Tous suivaient des traitements classiques relevant des grandes classes
thérapeutiques de ce type d'affections : antibiotiques, anti-inflammatoires,
corticoïdes, anti-allergiques, bêtastimulants, par voie orale
et/ou générale, et en sprays. Ces classes thérapeutiques
étaient associées à des degrés divers, mais
très souvent au degré maximum. Certains avaient suivi
des désensibilisations pendant de longues années, sans
réel succès.
-
Dans tous les cas, dès la mise en place du traitement de terrain,
associant des plantes médicinales et des oligo-éléments,
une amélioration a été constatée, parfois
de façon spectaculaire, d'autres fois de façon plus progressive,
permettant d'assurer, dans certains cas, la guérison avec le
seul traitement de terrain, une diminution importante des doses de médicaments
classiques pour les autres.
-
L'épargne médicamenteuse ainsi réalisée
permet d'assurer une moindre iatrogénicité et d'éviter
une escalade thérapeutique préjudiciable.
-
On observe aussi l'effet heureux du traitement de terrain sur le risque
d'hospitalisation qui paraît très nettement diminué.
-
Des résultats thérapeutiques sont observés, même
dans des cas considérés comme graves (cas d'une malade
séropositive), et des améliorations dans des affections
sans rapport avec la maladie asthmatique sont obtenues (normalisation
des transaminases chez un enfant porteur du virus de l'hépatite
C). Ce dernier point n'étant pas pour surprendre quand on sait
que les traitements de terrain prennent en compte le malade dans sa
globalité.
La synthèse des prescriptions de plantes
médicinales donne les résultats suivants.
L'analyse a été faite sur les 48 ordonnances qui ont été
rapportées par les médecins ayant suivi les 20 malades
présentés - dont la moyenne d'âge de 31 ans se répartit
de 7 à 63 ans, pour 9 hommes et 11 femmes.
Fréquence
de prescription des huiles essentielles choisies
Les huiles essentielles de thym
(Thymus vulgaris) et d'eucalyptus
(Eucalyptus globulus) se révèlent comme les plus fréquemment
utilisées puisqu'elles ont été l'une et l'autre
prescrites 18 fois, soit dans 37,5 % des ordonnances établies.
Elles sont suivies de près par l'huile
essentielle de sarriette (Satureia montana, 33,3 %), puis
celles de lavande (Lavandula officinalis,
27,1 %), d'hysope (Hyssopus officinalis,
25 %) et de pin (Pinus montana,
18,8 %).
Fréquence
de prescription des autres plantes médicinales choisies
1) Plantes prescrites sous forme de bourgeons
en macérats glycérinés
Le cassis (Ribes nigrum) sous cette forme galénique, en 1ère
dilution décimale, se révèle la plante la plus
utilisée dans les cas d'asthme présentés, puisque
qu'il a été prescrit 36 fois, soit dans 75 % des ordonnances
établies.
Il est suivi de très loin par l'églantier (Rosa canina)
qui n'a été prescrit que dans 10,4 % des ordonnances établies.
Il est à noter que les 7 autres plantes prescrites sous la même
forme galénique l'ont été de façon très
occasionnelle : Ficus carica, dans 8,3 % des cas, et Sequoia gigantea,
Viburnum lantana, Abies pectinata, Corylus avellana, Ilex aquifolium,
Tilia tomentosa, (dans 6,3 à 2,1 % des ordonnances établies).
Mais il faut remarquer pour ces dernières qu'elles correspondent
à des indications très ciblées pour certains patients.
Par exemple, le figuier (Ficus carica) a été prescrit
4 fois au même malade.
2)
Plantes prescrites sous une autre forme galénique
On doit signaler que la principale forme galénique répertoriée
est la teinture mère (environ 80 % des cas), les 20 % restants
se répartissant en plantes en l'état (infusions, décoctions,
poudres), en extraits secs ou liquides rentrant, pour certaines d'entre
elles, dans la composition de formes commercialisées prêtes
à l'emploi.
D'après l'analyse des résultats, nous constatons d'emblée
le nombre élevé de plantes médicinales (73) qui
ont été utilisées par les médecins qui ont
eu à traiter ces 20 patients asthmatiques, et qui figurent sur
les 48 ordonnances étudiées.
Parmi elles, le plantain (Plantago major) se révèle comme
la plante médicinale la plus utilisée, puisqu'il a été
prescrit 27 fois, soit dans 56 % des ordonnances établies.
Il est suivi de près par l'hysope (Hyssopus officinalis) prescrite
20 fois, puis par l'aubépine (Crataegus oxyacantha) 15 fois,
la mélisse (Melissa officinalis) 15 fois, l'herbe aux chantres
(Erysimum officinale) 14 fois, le grémil (Lithospermum officinale)
13 fois, et le ményanthe (Menyanthes trifoliata) 11 fois, soit
pour ce dernier une prescription dans près de 1/4 des ordonnances
établies.
Il faut insister sur le fait qu'il existe un groupe de 24 plantes qui
n'ont été utilisées qu'une seule fois, et pourtant
nous relevons parmi celles-ci des plantes à tropisme respiratoire
(soit antispasmodique, soit anti-inflammatoire) dont on pourrait s'attendre
à ce que l'usage - rapporté dans la tradition comme indiqué
dans le type de pathologie étudié - soit plus large que
celui mis en évidence, telles : Drosera rotundifolia, Borrago
officinalis, Grindelia robusta, Papaver rhoeas.
Dans ce groupe figurent aussi des plantes qui ne paraissent avoir aucun
rapport avec la pathologie traitée, et dont la présence
ne peut s'expliquer que si l'on connaît quelles raisons physiopathologiques
précises justifient leur choix : c'est le cas, par exemple, de
l'agripaume (Leonurus cardiaca) dont la prescription dans l'asthme implique
l'existence d'un déséquilibre de terrain particulier nécessitant
un sédatif central de type valérianique, cardiosédatif,
inotrope positif, chronotrope négatif, vagolytique, alphasympatholytique,
bêtabloquant, antithyroïdien (antiTRH, antiTSH).
La prescription du romarin (Rosmarinus officinalis) qui a été
relevée une fois, peut s'avérer paradoxale dans un cas
d'asthme, quand on sait que cette plante possède des propriétés
parasympathomimétiques. Mais il faut savoir qu'elle possède
d'autres propriétés : stimulant du cortex surrénal,
anti-inflammatoire, antalgique, antinévralgique, anti-infectieux
(biliaire, urinaire, pulmonaire ), draineur rénal (diurétique,
volumétrique et uricosurique), draineur hépatobiliaire,
cholérétique, cholagogue, cicatrisant, épithéliogène.
De
telles propriétés peuvent être indiquées
pour un malade précis, mais l'effet vagotonisant doit être
pris en compte pour le choix des autres plantes qui figureront sur l'ordonnance
et qui devront corriger cet effet qui peut se révéler
indésirable dans le traitement d'un sujet asthmatique. Seule
la maîtrise d'une médecine de terrain endocrinien peut
assurer la justesse de la prescription globale.
Il existe un autre groupe constitué de 16 plantes qui n'ont été
prescrites que deux fois pour les 48 prescriptions répertoriées.
Au rang de celles-ci figurent pourtant la réglisse (Glycyrrhiza
glabra), plante à propriétés anti-inflammatoires,
et la pensée sauvage (Viola tricolor) plante à réputation
anti-allergique.
Propriétés
des six principales plantes dépassant 25 % des cas de prescription
- Le plantain (Plantago major) peut
être retenu pour ses effets anti-allergique, anti-inflammatoire,
astringent, adsorbant, anti-hémorragique à propriétés
vitaminiques P, coagulant, à activité enzymatique de substitution
(invertase et autres diastases), diurétique volumétrique
et azoturique, riche en soufre, tonique veineux ;
- L'hysope (Hyssopus officinalis),
expectorant, anti-allergique, anti-inflammatoire, parasympatholytique,
sympathomimétique ;
- L'aubépine (Crataegus oxyacantha)
peut être prescrite pour ses effets : alphasympatholytique, spasmolytique
des muscles lisses, hypotenseur et antihypertenseur, inotrope (+), chronotrope
(-), dromotrope (+), bathmotrope (-),vasodilateur périphérique
et coronarien, hypocholestérolémiant, hypolipémiant,
stimulant de la sécrétion salivaire et biliaire, myorelaxant
utérin, sédatif du système nerveux central (NB
: à hautes doses, dépression du SNC avec bradycardie et
ralentissement respiratoire) ;
- La mélisse (Melissa officinalis)
est eupeptique, cholérétique, antispasmodique musculotrope
à tropisme cardiovasculaire, à activité bathmotrope
négative, anti-arythmique ;
- L'herbe aux chantres (Erysimum
officinale), antispasmodique à activité neurotrope, sympatholytique
;
- Le grémil (Lithospermum
officinale) peut être choisi pour ses effets : anti-inflammatoire
urinaire et prostatique, antidiarrhéique, antilithiasique, fébrifuge,
émollient, antigonadotrope (antiFSH-antiLH), antithyréotrope
(antiTSH), activité thyroxinienne (T4), inhibiteur de la désiodisation
enzymatique de la thyroxine (T4) en triiodothyronine (T3), inhibiteur
de l'activation de l'adénylate cyclase intrathyroïdienne,
anti LATS (IgG Graves). Risques éventuels : hypogonadisme et
hypothyroïdie.
De
cette première étude des possibilités thérapeutiques
des plantes médicinales dans la maladie asthmatique, on peut
retenir en priorité, et par ordre d'activité décroissante
:
- les huiles essentielles de thym (Thymus vulgaris), eucalyptus (Eucalyptus
globulus), sarriette (Satureia montana), lavande (Lavandula officinalis),
hysope (Hyssopus officinalis), pin (Pinus montana) ;
- les bourgeons de cassis (Ribes nigrum), églantier (Rosa canina)
;
- les plantes médicinales suivantes sous leurs autres formes
galéniques (selon les cas, teinture mère, extrait fluide,
infusion, décoction, plante en l'état...) : le plantain
(Plantago major), l'hysope (Hyssopus officinalis), l'aubépine
(Crataegus oxyacantha), la mélisse (Melissa officinalis), l'herbe
aux chantres (Erysimum officinale), le grémil (Lithospermum officinale),
le ményanthe (Menyanthes trifoliata).
Prescription
type pour un traitement symptomatique de l'asthme en phytothérapique
clinique
Ainsi, une prescription standard, dans une approche du traitement symptomatique
d'un adulte asthmatique de poids moyen, pourrait s'établir comme
suit :
Asthme
= prescription type
HE thym officinal
HE eucalyptus globuleux
HE lavande officinale aa 1,5 g
Elixir
de papaïne qsp 125 ml 40
gouttes aux trois repas
Ribes
nigrum
Rosa canina
70 gouttes aux trois repas Bgs D1 mac. Glyc.
Bgs D1 mac. Glyc. aa qsp 125 ml
Hyssopus
officinalis
Crataegus oxyacantha
Melissa officinalis
50 gouttes aux trois repas TM
TM
TM aa qsp 125 ml
Feuilles
de plantain
(Plantago major) qs
3/4 de litre d'infusion
à boire dans la journée
Une telle prescription est en mesure de répondre correctement
à certains des déséquilibres associés, les
plus fréquemment rencontrés dans la maladie asthmatique
:
- l'hyperparasympathicotonie avec le thym, la lavande, l'hysope (conseillée
en cas d'insuffisance de base du système sympathique, absolue
ou relative et en cas d'hyperparasympathisme relatif) ;
- l'hyperalphasympathicotonie avec l'aubépine, la lavande ;
- le retard du bêtasympathique avec le cassis, l'églantier
;
- l'inflammation avec le cassis, l'églantier, l'hysope, le plantain,
le thym ;
- la surinfection avec l'eucalyptus, la lavande, le thym ;
- la spasmodicité avec l'aubépine, la lavande, la mélisse,
le thym ;
- l'allergie avec le cassis, l'églantier, l'hysope, le plantain
;
- l'hyperhistaminémie avec le cassis, l'églantier ;
- le trouble des sécrétions bronchiques avec l'eucalyptus,
l'hysope ;
- le trouble du pancréas endocrine avec l'eucalyptus ;
- les troubles digestifs associés avec la lavande, la mélisse,
le thym.
Les
résultats décrits par les médecins de la SFEEM
dans les traitements appliqués à ces vingt cas d'asthme,
n'ont pu être obtenus que par un ajustement, le plus étroit
possible, entre les éléments du traitement de terrain
prescrit et les déséquilibres physiopathologiques sous-jacents
à l'état maladie.
Cela ne peut s'accorder avec un usage "bricolé" des
plantes médicinales, mais implique, obligatoirement, à
la fois une connaissance très précise de leurs propriétés,
de leurs indications et contre-indications, de leurs effets toxiques,
et aussi de l'état précis du malade auquel elles seront
ordonnées.
C'est la démarche scientifique et éthique que doit suivre
tout médecin soucieux du devenir de son malade.
NDLR -
(1) - Sibilant : à l'auscultation, sifflement musical d'un ton
plus ou moins aigu, qui accompagne le murmure respiratoire et peut même
le masquer.
(2) - Saburrale : se dit de la muqueuse linguale lorsqu'elle est recouverte
d'un enduit blanc jaunâtre.
(3) -Subictère : ictère léger. Symptôme qui
consiste en une coloration jaune plus ou moins intense de la peau et
des muqueuses, due à l'imprégnation des tissus par les
pigments biliaires.
(4) - Signe de Chvostek : signe d'hyperexcitabilité neuro-musculaire.
(5) - Mydriase : dilatation de la pupille.
(6) - Hippus : alternatives de contractions et de dilatations de la
pupille se reproduisant de façon rythmique.
(7) - Splanchnique : qui a rapport aux viscères.
(8) - Molluscum : tumeur fibreuse et flasque de la peau de taille variable.
(9) - Hyperaldostéronisme : exagération de production
d'aldostérone par le cortex surrénal, entraînant
une élimination excessive de potassium, une rétention
de sodium et une alcalose métabolique, et l'ensemble des troubles
qui en résultent.
(10) - Axe TRH- TSH
TRH : (Thyrotropin Releasing Hormone) ou thyrolibérine, neuro-hormone
de l'hypothalamus, "facteur de libération" de la thyréotropine
;
TSH : (Thyrotropin Stimulating Hormone) ou thyréotropine, hormone
sécrétée par le lobe antérieur de l'hypophyse,
stimulant le fonctionnement de la glande thyroïde.
(11) - Autacoïde : substance spécifique formée par
les cellules d'un organe et déversée par lui dans le sang
circulant, telle l'histamine.