Endobiogénie
le
terrain en médecine
"Le terme de terrain
nécessite une mise à jour indispensable à
la compréhension de son usage scientifique et au développement
d'une thérapeutique qui s'appuie sur le respect absolu de l'homme
et sur la sauvegarde de ses capacités à s'assumer lui-même.
Thérapeutique résolument non substitutive, elle refuse
la prise en charge systématique de l'homme malade aux moindres
signes de défaillance dans le maintien de son équilibre,
et surtout dans la prévention de ses incapacités à
y faire face.
Elle relève d'une volonté supérieure de protection
de l'état de santé des patients confiés à
chacun des médecins adhérant à la notion de terrain.
C'est leur volonté dominante d'en permettre la réintégration,
la restitution à moindre frais.
La santé est, en tous lieux, pour chacun,
l'équilibre de référence, harmonieux et optimal,
de ses fonctions physiologiques fondamentales.
C'est dire que la préservation, la conservation
ou la reconquête de la santé passent obligatoirement
par la prise en considération première et absolue de
l'état de fonctionnement structural de chaque individu plongé
dans son milieu d'insertion.
Préserver la santé,
c'est permettre à l'organisme d'assumer, prioritairement, avec
ses seuls moyens, la maintenance de l'équilibre, harmonieux
et optimal, de ses fonctions physiologiques fondamentales. C'est le
protéger au maximum de la prolifération des agresseurs,
de leurs impacts et de l'accélération de leurs conséquences.
Conserver la santé, c'est,
au-delà de la préservation, assurer un soutien stratégique,
médicamenteux ou non, aux composants défaillants du
système particulier qui conse l'état précritique,
c'est-à-dire celui contributif du devenir pathogène
de l'individu.
Reconquérir la santé,
c'est, par-delà la victoire sur la maladie, c'est-à-dire
la suppression de l'état critique, donner à l'organisme
toutes ses chances de reprise en main de tous ses moyens de gérance,
de réparation et de restitution de l'état antérieur
à l'avènement de la maladie et, si possible, un retour
à celui de santé.
Le terrain doit être entendu
dans son acception véritable de garant, de gérant de
la santé. Avec les moyens de sa maintenance, il assure, en
corollaire, le contrôle des fonctions de défense, la
régulation du matériel de premier secours, la réparation
plus profonde et plus efficace en fonction du degré de l'agression,
de la durée de son application ; enfin, il participe à
la remise en ordre, à la restructuration totale afin que rien
n'y paraisse. Il est la transcription de l'unité de l'homme,
la figuration de la vie qui l'habite et des moyens qu'il a de la maintenir.
Il est l'expression de sa réalité matérielle,
le coordonnateur de l'ensemble de ses fonctions fondamentales, métaboliques
et relationnelles, le régulateur de tous ses comportements
internes et extérieurs. Il assure en permanence la cohérence
entre chaque cellule et la totalité de ses organes dans leur
activité propre et dans celles adaptatives aux milieux d'insertion.
Rien n'échappe à son contrôle. Du comportement
réflexe à celui dirigé, du maîtrisé
à l'immaîtrisé, du conscient à l'inconscient,
qu'il soit de nature intellectuelle, psychologique, organique, qu'il
entre dans les sous-classes de ses modalités de fonctionnement,
neurovégétatives neuronales, immunitaires superficielles
ou structurées et métaboliques de t outes profondeurs,
tout est soumis aux fourches caudines du terrain. Sa part est, et
doit rester, prépondérante dans le maintien ou la reconquête
de sa santé.
Qu'il soit sain ou porteur de maladie, l'homme
est une entité physiologique fonctionnelle. L'unité
systémique qui la caractérise est aussi indispensable
à la vie que la vie elle-même. Cette notion devrait apparaître
aussi évidente que celle qui assure cohérence énergétique
de la matérialité corporelle. Elle participe du rôle
prévalent, dans le système réducteur de la vie
terrestre, du soma sur la psyché, qui fait de l' organisation
matérielle du corps physique l'oeuf de la poule esprit immatériel.
Elle repose sur la constance dans le maintien volontaire, en un certain
équilibre, des phénomènes de la physiologie qui
règlent les fonctions de l'homme-entité. Leur compréhension
s'appuie sur le respect permanent de la dynamique nécessaire
à cette maintenance et propre à chaque être vivant.
Elle met en jeu des lois universelles qui fondent l'interdépendance
étroite de chacun des éléments qui composent
un ensemble systémique. Sans préjuger de la nature de
ses composants, l'unité systémique dépend du
plus juste équilibre entre activité et réactivité
et procède de l'intégration dans l'interprétation
de toutes les manifestations, qu'elles soient cliniques ou biologiques,
des règles fonda- mentales de la relativité. Ainsi en
est-il de celle qui lie les organes qui composent un individu, au
sein de chacun des systèmes qui expriment et garantissent leur
fonctionnement. Ainsi en est-il de celle dont résulte l'indispensable
cohérence entre la totalité de ces systèmes qui
assurent, en toutes circonstances, la bonne marche d'un organisme
vivant. En toutes circonstances, c'est-à-dire à l'état
basal, comme à celui d'hyperactivité, volontaire ou
sollicitée, c'est-à-dire en état physiologique
normal, en état physiologique pathogène, en état
de pathologie latente ou exprimée.
La compréhension et l'intégration de ses lois dans tous
diagnostics d'étiologie véritable, et logiquement dans
toutes les stratégies thérapeutiques qui en découlent,
sont capitales pour le respect de la vie humaine.
Pourtant, elles sont négligées par la médecine
expérimentale issue de Claude Bernard. Fondée sur ce
postulat de référence qui décrète que
toute pathologie est accidentelle, provient de l'extérieur,
que tout passage de l'état physiologique à l'état
maladie n'est qu'accidentel, fracturaire, elle nie toute participation
de l'homme dans ce passage de l'état physiologique à
celui de maladie. Elle lui refuse toute sa responsabilité dans
la genèse de sa maladie, dans la maîtrise de son évolution
et dans sa participation à son traitement. Elle s'interdit
tout rôle actif dans la prévention , la confine à
un mode attentiste de dépisteur de maladie installée
ou de rechute, gardant alors leur caractère d'obligation incontournable.
La théorie endocrinienne
du terrain, dite théorie
de l'endobiogénie, se fonde,
à l'inverse, sur l'implication totale de l'homme physiologique
dans sa responsabilité à sa santé.
Cette vision différente de l'homme, dont nous avons jeté
les fondements il y a une vingtaine d'années, s'inscrit dans
l'évolution cyclique et cohérente des connaissances
universelles de la science. Évolution qui veut que chaque découverte
révolutionnaire appelle, dans son exploitation, un regard très
parcellaire de l'homme de sciences sur ses perspectives globales.Ce
regard s'élève, devient plus englobant, dès lors
que les ressources de la théorie dominante sont épuisées.
La médecine n'a jamais échappé à ce phénomène.
Elle semble avoir atteint les limites exhaustives de la " médecine
expérimentale " et débordé celles de l'ère
pasteurienne. Depuis la découverte des germes " responsables
de toutes les maladies ", elle vivait sur les rails du modèle
expérimental: une maladie, une cause et son remède "
anticause ". Chemin pourtant malaisé, tourmenté
pour cette science qui en est issue: l'infectiologie. D'autres en
découlèrent plus ou moins directement: la bactériologie,
la mycologie, la virologie, l'allergologie, la cancérologie,
la médecine moléculaire et l'immunologie. Toutes eurent
leur heure de gloire et, en illustration, la faillite de chaque théorie,
de chaque système, des résultats. Pour tenter d'y pallier,
la science médicale revient aux sources de l'homme: la génétique.
Loin de l'élever, de le rendre plus englobant, elle conserve
son même regard dichotomique de l'homme et de ses constituants.
Le chromosome, le gène remplacent désormais les micro-organismes,
à la configuration analogue.
Si l'on veut rendre à l'homme toute sa responsabilité
dans la genèse de sa maladie, dans la maîtrise de son
évolution et dans sa participation à son traitement,
en un mot élever ce regard posé sur lui, il importe
désormais d'imposer une médecine se prévalant
de la notion de terrain.
Cette approche repose sur la théorie
originale de l'endobiogénie. Elle témoigne
d'une compréhension autre des bases nouvelles et évolutives
de la science médicale contemporaine. Son application impose
une redéfinition de la conception même de l'art médical
au sein d'un système de santé rénové,
et débouche sur de nouvelles définitions de l'homme
en bonne santé, de la maladie et de l'usage des médicaments.
Ses principes généraux, les modalités d'application,
tant physiologiques que diagnostiques et thérapeutiques, sont
exposés dans le chapitre* qui suit. Si la connaissance approfondie
des mécanismes qui la sous-tendent est indispensable pour faire
progresser la compréhension de la science médicale de
demain, l'application de ses préceptes généraux
peut être immédiate. Elle doit permettre de substituer
dès aujourd'hui des traitements simples, facilitant les moyens
de défense propres à chaque individu, face à
la quasi-totalité de la pathologie quotidienne. Fondée
sur la réduction des agresseurs, elle permet la suppression
de ce qui est devenu l'agresseur numéro un de quatre-vingt-dix
pour cent des consultants journaliers: les remèdes substitutifs,
inappropriés."