une prescription qui s'appuie sur l'arsenal médicamenteux
disponible mais
privilégie l'usage des plantes médicinales prescrites
sous forme d'extraits totaux, dans une optique d'action physiologique
sur la régulation du terrain et utilisés tant en
approche curative au service des malades que dans celui d'une
médecine préventive
L'IMPORTANCE
DU DIAGNOSTIC ET DE LA MAITRISE DU TRAITEMENT
par
Elisabeth CARILLON
Docteur
en Pharmacie
Deux
données sont fondamentales : la nécessité d'un
diagnostic précis et correct, et la maîtrise de l'instrument
thérapeutique.
Toute prescription impose en effet la nécessité d'un
diagnostic médical préalable précis et
complet.
Ceci semble aller de soi pour la mise en route d'un traitement chimique
ou chirurgical mais paraît malheureusement moins évident
lorsqu'il s'agit de plantes.
L'incompétence dangereuse de certains guérisseurs, naturopathes
ou phytothérapeutes amateurs, incapables de poser un diagnostic
précis du fait de l'absence de connaissances médicales
sérieuses indispensables à la mise en route d'un traitement,
doit nous alerter (de vagues douleurs abdominales peuvent traduire
une simple colite ou un dysfonctionnement vésiculaire mais
aussi une appendicite évoluant à bas bruit vers la péritonite).
Chacun peut apprendre à connaître ses limites,
et ce d'autant plus lorsque la vie d'un être humain est en jeu.
On ne s'improvis pas phytothérapeute. Ceux qui ont prétention
d'être des conseillers d'hygiène de vie ne doivent pas
s'immiscer dans des domaines qu'ils connaissent mal et ne maîtrisent
pas. La prescription d'une ordonnance est un acte qui engage la responsabilité
de celui qui l'établit et qui, quelque soit le matériel
qui figure sur l'ordonnance, n'est pas anodin du tout puisqu'il conditionne
le devenir du malade qui va l'acheter et l'absorber.
Toute démarche hors de la rigueur scientifique ne peut que
causer un tort considérable à la Phytothérapie
clinique et contribue par un phénomène pervers d'assimilation,
à la lenteur de sa reconnaissance officielle.
La vente libre sur les présentoirs de pharmacie ou les maisons
de diététique d'essences ou de gélules de plantes
constitue également un danger potentiel, l'automédication
devant rester ponctuelle ou passagère, utilisant une gamme
de plantes restreintes. Celle-ci doit être dirigée
et non pas consister à acheter les recettes inscrites dans
un quelconque magazine...
La maîtrise d'une thérapeutique impose de la connaître
de la façon la plus complète possible. En phytothérapie,
cela consiste à connaître toutes les propriétés
des plantes, leurs indications, leurs contre indications et leurs
limites. Il n'existe pas de recettes pour traiter un individu. Il
ne saurait donc être question de suivre la vogue en cours mais
par contre, d'apprendre à connaître une telle thérapeutique.
Nous voyons donc qu'il n'est pas concevable d'utiliser la PHYTOTHÉRAPIE
à la légère, qu'elle impose des connaissances
médicales et thérapeutiques solides avant la mise en
route d'un traitement.
La variété, la subtilité mais aussi la profondeur
et l'efficacité d'un traitement phytothérapique bien
conduit, mettent à notre disposition une approche originale
tentant d'accorder une thérapeutique millénaire aux
exigences scientifiques de notre époque.
LA
PLACE DE LA PHYTOTHERAPIE EN THERAPEUTIQUE MEDICALE :
Exclusivité
ou Complémentarité ?
par le
Docteur T. Telphon, Paris
Membre
de la Société Française d'Endobiogénie
et Médecine
Alors
que notre système de soins est en train de sombrer inexorablement
au fond de l'abîme (plus de 230 milliards de dépenses
de santé depuis le début de cette année à
ce jour), et bien que certains responsables continuent de vouloir
s'y cramponner, convaincus du contraire, est-il encore temps d'imaginer
pouvoir redresser la barre ?
Il faut une dose d'optimisme à l'égal du déficit
sans cesse croissant de notre sécurité sociale, pour
oser proposer des solutions cohérentes qui puissent satisfaire
tout le monde.
Pour cela, il faudra concevoir un système de soins qui soit
en accord avec la notion de santé telle qu'elle a été
définie dans Les Bonnes feuilles numéro 3, au terme
d'un important travail de réflexion menée au sein d'un
groupe de PHYTO 2000. Un système
dans lequel le patient serait enfin considéré comme
un être autonome, actif et responsable, alors que la science
médicale actuelle le préfère volontiers passif
et soumis.
En terme de santé, la phytothérapie peut prétendre
proposer des solutions justes, à la mesure des enjeux que représentent
les générations actuelles et à venir.
L'allopathie fait appel à des drogues parfaitement définies
sur le plan moléculaire, le plus souvent de nature synthétique
ou semi-synthétique, pour lesquelles la cible est en général
connue, et les effets induits a priori quantifiables et reproductibles;
il est reconnu cependant qu'à dose pharmacologique, l'action
du médicament est souvent accompagnée de réactions
difficilement maîtrisées par l'organisme, notamment en
cas de prises prolongées, alors que les causes profondes de
la pathologie traitée restent incomprises.
Notre but n'est évidemment pas d'ignorer les précieux
services que peut rendre l'allopathie (sa place s'avère indispensable
face à une urgence engageant le pronostic vital comme un oedème
brutal du larynx, par exemple - ou bien devant une pathologie lourde
déborbant les capacités suffisantes de réaction
de l'organisme face à un agresseur puissant (un cancer, par
exemple), mais bien de la manière inconsidérée
dont on fait appel au médicament de synthèse, générant
ainsi de plus en plus fréquemment des pathologies dites iatrogènes
(d'origine médicale) dont la charge est devenue insupportable
pour la société toute entière tant sur le plan
humain que financier, non sans oublier qu'ainsi, le médecin
ne respecte plus la première des règles dictées
par Hippocrate, notre maître à tous : "primum non nocere"
(avant tout ne pas nuire).
La Phytothérapie a donc une place de valeur à tenir
dans le système de soins, tant en milieu hospitalier qu'en
cabinet de ville, que le médecin soit généraliste
ou spécialiste.
En effet, il ne faut pas oublier que les situations graves, ou d'urgence
médicale vraie, représentent moins de 1 % des motifs
de consultation en pratique de ville. Aussi lorsque votre vie est
en danger de manière imminente en l'absence de soins rapides
et énergiques (infarctus du myocarde ou état de mal
asthmatique, par exemple), la médecine dite "classique" doit
tenir une place de choix au niveau de l'urgence vraie, sans exclure
pour autant qu'un traitement de terrain puisse être institué
dans le même temps.
En dehors de ce cadre précis, une thérapeutique par
les plantes médicinales bien conduite peut permettre à
elle seule de faire habituellement face aux divers motifs quotidiens
de consultation, tels une angine, une cystite, une diarrhée,
un eczéma ou une rhinite allergique. Elle présente en
outre l'avantage de traiter non seulement le problème "visible",
mais aussi de permettre au patient, grâce à un traitement
de fond personnalisé, d'éviter la récidive dans
le temps, but ultime que doit se donner tout médecin attentionné.
Vous voyez donc que la Phytothérapie peut le plus souvent prétendre
faire jeu égal avec l'allopathie dans les domaines divers et
variés de la pathologie. Dans le cadre de l'urgence, même
s'il apparaît que son usage exclusif n'est pas possible, elle
joue un rôle thérapeutique complémentaire d'importance,
ne serait-ce que par une simple action de drainage général,
soulageant ainsi l'organisme des fréquents effets secondaires
liés à la prescription de médicaments de synthèse.
Le drainage par l'action des plantes n'est bien entendu pas le seul
champ où la plante s'avère utile; en effet, seule la
richesse de la flore végétale peut fournir à
chaque médecin qui le désire les "outils" les mieux
adaptés pour soigner ses patients dans le plus strict respect
de leur physiologie, en prenant soin de rester dans le cadre cohérent
de la théorie endocrinienne du terrain proposée depuis
plus de 20 ans par les docteurs Duraffourd
et Lapraz. A travers cette richesse, elle permet au phytothérapeute
un choix quasi illimité, largement sous-exploité, méconnu,
voire totalement ignoré.
Chaque plante a l'avantage de présenter plusieurs effets thérapeutiques
conjoints: action de certains de ses principes majoritaires bien étudiés
par la pharmacologie, action conjuguée de l'ensemble des éléments
de la partie végétale utilisée; avantage renforcé
par la faible concentration des principes pharmacologiques contenus
(mais dont l'action est cependant mesurable), limitant de fait les
effets secondaires toujours possibles.
Enfin, la phytothérapie permet à tout praticien qui
le souhaite, d'aborder chacun de ses patients sur un plan général,
bien au delà des symptômes dont il se plaint; il faudra
qu'il garde sans cesse en mémoire qu'un abord clinique méticuleux
et une réflexion approfondie resteront les éléments
essentiels à une prescription parfaitement adaptée au
problème posé, tant en allopathie qu'en phytothérapie.
En l'absence du respect de ces principes, le traitement peut s'avérer
tout au contraire préjudiciable.
LES
QUESTIONS DU DIABLE
par le Docteur
F. Alliot, Paris
Membre
de la Société Française d'Endobiogénie et
Médecine
Le
Diable nous dit : pour vous, êtres humains, la maladie est toujours
une épreuve, parfois fort difficile; à cette épreuve,
est-ce bien raisonnable d'en ajouter une autre en ayant la prétention
de croire en une action thérapeutique des plantes médicinales
: situation imagée, mais non imaginée, car bien réelle,
aussi réelle que Celui qui nous la pose ...
En effet, lequel d'entre nous, dès lors qu'il se trouve confronté
à la maladie, soit que celle-ci reste bénigne mais particulièrement
récidivante et échappant aux thérapeutiques standardisées
et codifiées, soit que cette maladie devienne lourde, voire terrible,
et donc comportant des choix thérapeutiques décisifs grevés
du même aléa statistique, qui d'entre nous n'évoquerait-il
pas d'autres possibilités thérapeutiques ?
Et c'est aussitôt que se dresse, en nous et autour de nous, un
mur d'objections. Certes il nous faut guérir, mais d'abord de
nos propres peurs...
1)
La phytothérapie n'est pas une médecine moderne..
Telle est la principale critique formulée à l'encontre
de la phytothérapie : elle est un archaïsme, une élégante
désuétude dans un monde où les connaissances scientifiques
ont littéralement explosé. Une étude plus attentive,
et surtout plus documentée, vient nuancer un tel interdit.
De prime abord, remarquons que la phytothérapie est, sans conteste
aucun, la plus ancienne médecine de l'humanité, et ce
en tout point du globe; cette perdurance, à elle seule, devrait
suffire à nous interroger, notamment face à la durée
de vie des remèdes issus de la chimie de synthèse, laquelle
n'excède parfois pas quelques années.
Loin de gommer la nécessaire évolution des idées
et des pratiques, la phytothérapie s'y inscrit totalement; la
plus haute instance médicale, l'Académie de Médecine,
a reconnu cette pratique comme étant véritablement médicale,
c'est-à-dire douée d'une réelle capacité
thérapeutique. Cela n'est à l'évidence possible
que par l'intégration constante en son sein des avancées
scientifiques contemporaines : l'usage des plantes médicinales
ne saurait se concevoir sans l'outil physiologique, c'est à dire
sans la connaissance des fonctions de l'organisme humain. Le médecin,
de par sa formation, met nécessairement en oeuvre cet outil,
sans cesse actualisé par son travail au sein des sociétés
scientifiques, phytothérapiques ou autres.
2)
La phytothérapie n'offre pas de réelles possibilités
de guérison..
Les maux qui nous affligent, s'ils sont nombreux, n'offrent heureusement
pas tous un caractère d'exceptionnelle gravité : tels
sont les troubles rencontrés quotidiennement en médecine
générale, tels que les inévitables rhino-pharyngites
infantiles, les troubles digestifs divers et certains ennuis féminins
trop habituels. Tous ces troubles, objets chaque jour en France de milliers
de consultations, peuvent fort bien être traités par la
phytothérapie au travers d'un praticien compétent.
Dans les mains d'un médecin averti, les plantes médicinales
offrent ici un réel avantage par le respect de l'équilibre
physiologique propre à chacun, ce qui, associé à
la modicité des doses thérapeutiques prescrites (ces deux
attitudes étant d'ailleurs intimement liées) explique
la forte réduction de la toxicité des plantes, toxicité
qui se doit de rester constamment présente à l'esprit
du médecin.
En effet, trop souvent les thérapeutiques de synthèse
chimique, d'emblée volontiers "lourdes" et pourvues d'effets
secondaires parfois conséquents, ne s'avèrent pas toujours
la meilleure réponse au respect de la physiologie de l'individu.
Si les ennuis de santé deviennent répétitifs, se
chronicisent, ou prennent une forme plus élaborée et complexe,
ces deux points, moindre toxicité et maintien de l'équilibre
physiologique, prennent encore plus toute leur importance : dans de
tels cas, les résultats de la phytothérapie offrent un
avantage fort intéressant face aux thérapeutiques de synthèse
chimique, car l'indication de telle ou telle plante médicinale
se fonde, non pas sur une vue parcellaire de l'organisme, limitée
à l'organe souffrant, mais bien plus sur la réintégration
du trouble local dans la physiologie générale de l'organisme;
la guérison n'est que l'expression du lien retrouvé entre
la partie souffrante et cet ensemble que réalise la fonctionnalité
globale de l'organisme.
3)
Le traitement en phytothérapie est long, complexe et coûteux..
Un traitement par les plantes médicinales ne diffère en
rien d'un traitement par chimie de synthèse : il est de courte
durée dans les maladies aiguës, nécessairement plus
long dans les maladies chroniques avec alors volontiers la réintroduction
temporaire de certaines plantes dans le traitement en prévision
des moments critiques de la maladie.
Ici, nous touchons un point très important des traitements par
les plantes médicinales : la prévention. Celle-ci permet,
de façon toujours simple, peu onéreuse et à moindre
toxicité, de faire l'épargne de bien des pics aigus de
la maladie chronique, voire d'éviter le passage vers une autre
pathologie plus invalidante encore. La phytothérapie a toujours
été et restera un élément majeur dans la
prévention des maladies : n'oublions pas que la plante médicinale
peut aussi être la plante à visée alimentaire, or
est-il acte plus quotidien que celui de se nourrir ?
4)
Le médicament en phytothérapie n'est pas de bonne qualité..
Les plantes médicinales obéissent aux critères
stricts de la législation du médicament, tant au niveau
de leur culture ou récolte que de leur extraction finale aboutissant
au médicament. Rappelons qu'en phytothérapie cette extraction
se doit de respecter l'intégralité des principes chimiques
contenus dans la plante, et non de les fractionner.
Un effort important est constamment fait par les fabricants de remèdes
phytothérapiques; ces fabricants ont d'ailleurs le statut de
laboratoire pharmaceutique et ils doivent en observer les règles
très précises, à la fois de fabrication et de vente
en pharmacie. Le remède phytothérapique est devenu maintenant
l'aboutissement d'une technologie souvent fort complexe, rendant obsolète
la simple poudre de plante mise en gélule.
Ceci n'est pas le cas de "laboratoires" que nous qualifierons de "sauvages"
car échappant aux règles pharmaceutiques et diffusant
dès lors des produits dont la seule certitude réside en
leur qualité douteuse et présentant à l'évidence
des dangers certains pour la santé du public.
C'est d'ailleurs là un des rôles majeurs des associations
d'usagers, telle que Phyto 2000, que de se pencher sur ce grave problème,
celui de l'indispensable qualité des remèdes phytothérapiques
et d'interroger sans cesse les autorités ministérielles
afin que cessent ces pratiques purement commerciales dans le domaine
de la santé.
5)
La phytothérapie pourrait-elle être pratiquée par
des non-médecins ?
Si la maladie est bien un acte commun à l'humanité, la
guérison est par contre toujours un acte singulier; cette dernière
réclame en effet une connaissance des lois édictées
par la physiologie et plus précisément la façon
dont chaque organisme en particulier exprime ces lois.
La schématisation des traitements est donc incompatible avec
une pratique réelle de la phytothérapie, cette standardisation
étant toujours le fait de praticiens insuffisamment formés,
surtout lorsqu'ils oeuvrent en l'absence totale de diagnostic comme
en témoigne la pratique quotidienne de la naturopathie. L'absence
de maîtrise de l'art médical peut se révéler
catastrophique, et l'usage des remèdes dits "naturels" ne modifie
en rien cette carence fondamentale de connaissance. Le praticien en
phytothérapie est donc avant tout et toujours un médecin,
au sens complet de ce terme, avant même, ajouterons-nous, de pratiquer
la phytothérapie.
Quant à l'usager habituel de plantes médicinales, il doit
savoir que son automédication n'est jamais un acte anodin et
qu'elle réclame de sa part connaissance, prudence et vigilance.
Ayant essayé de répondre aux critiques mettant en cause
la phytothérapie, nous dirons ce qu'apporte la phytothérapie
à la médecine : elle apporte en définitive la prise
en compte de cette réalité fondamentale qu'est l'homme
physiologique, lequel n'est pas cet homme morcelé, divisé,
c'est-à-dire diabolisé au sens étymologique du
terme, mais bien plutôt la cohérence à la fois propre
à chacun et commune à tous.
L'UTILISATION
DES PLANTES MEDICINALES A-T-ELLE UN INTERET A L'AUBE DU XXIème
SIECLE EN MILIEU HOSPITALIER ?
par le
Docteur Rozenn DODEUR
Membre de la Société Française
d'endobiogénie et médecine- Anesthésiste-Réanimateur
- Praticien Hospitalier
On
peut se demander par quel chemin la réanimation conduit à
la Phytothérapie. Dès nos premiers stages d'interne en
réanimation, nous avons été frappé par certaines
observations.
1) Des patients, jusque là en bonne santé, se retrouvaient
dans un lit de réanimation, pour avoir absorbé des médicaments
apparemment insignifiants, dans le but d'enrayer un symptôme,
simple désagrément sans gravité. Parfois même,
on ne retrouvait aucune relation entre l'indication traditionnelle et
pharmacologique du médicament et l'action thérapeutique
recherchées par le patient. Le résultat était catastrophique
et mettait leur vie en danger, voire de façon irréversible.
2) D'autres patients devaient leur hospitalisation en réanimation
à l'omission de "petits gestes", ces "petits soins" tout simples
qui passent inaperçus en temps normal et dont on redécouvre,
avec stupeur, le bien-fondé lorsque l'on voit ce que devient
la situation quand ils ne sont plus faits... là encore une telle
négligence pouvait aller jusqu'à mettre la vie en péril.
3) Certains traitements sont lourds à supporter et des malades
qui y sont soumis, bon gré mal gré, se plaignent ouvertement
ou de façon voilée, d'étre rendus plus malades
par le traitement de leur maladie que par la maladie elle-même.
Les écoute-t-on nous faire part de leurs impressions?
DE
CES QUELQUES CONSTATATIONS NOUS AVIONS TIRE DES CONCLUSIONS
1) Rien n'est anodin, que ce soit en matière de médicament
ou de petite tâche quotidienne accomplie pour le bien commun et
en particulier la santé des patients qui nous sont quotidiennement
confiés.
2) N'existe t-il pas des techniques de soins et (ou) une (ou des)
manière de soigner qui soient moins traumatisantes pour l'individu,
moins dénuées d'effets secondaires indésirables
pouvant même compromettre la santé des personnes, santé
physique mais aussi psychique, affective, et morale. Des traitements
éprouvants peuvent conduire au découragement et au désespoir
Si on n'y prend pas garde.
3) I1 nous est donc apparu après 10 années d'études
fastidieuses à la Faculté de la nécessité
impérative de tenir davantage compte du malade en tant que
personne humaine, de chercher à considérer sa santé
non plus de façon ponctuelle au temps t0, qui est l'instant
présent, mais dans le temps et dans l'espace.
Quel est son intérêt à court terme, à moyen
terme et à long terme ?
Comment envisage t-il sa vie et sa santé ?
Comment souhaite t-il se soigner ?
Peut-être a t-il lui aussi son mot à dire sur la question
?
Peut-être existe t-il, même à l'hôpital,
un terrain d'entente et de détente où les intérêts
de l'un, le malade, rejoignent la façon de faire, de penser,
de décider et de soigner de l'autre, le médecin ?
4) Un certain nombre de malades, de par leurs convictions intimes, leur
éducation, leur passé, leur façon de vivre, leur
philosophie de la vie, leur comportement vis à vis de "la maladie"
et de la mort ont peur ou font un rejet des thérapeutiques chimiques
modernes, ils ne voient et ne pensent que par les vertus des plantes,
de l'argile, du miel et autres substances issues de la nature, jusqu'à
fuir le monde médical, prescripteur de drogues chimiques pour
courir tous azimuts vers des "pseudo-médecins" ne connaissant
rien à la physiologie, à la clinique et la pharmacologie
mais qui sont des prescripteurs "de plantes".
Ils en ont observé les effets à maintes reprises, elles
sont pour eux synonyme de vie et de santé. Leur emploi les motive
dans la lutte contre la maladie et stimule leur espoir.
Arrivés à l'hôpital, ils se retrouvent habituellement
"Amputés" de ce contexte thérapeutique qui est
le leur, qui quelque part leur est vital.
Bien souvent ils n'osent même pas en parler, cachent leurs médicaments
salvateurs et les prennent en cachette...
Ne serait-il pas mieux et plus simple de leur permettre de s'exprimer,
d'écouter leur demande, de l'utiliser pour les faire participer
à leur traitement ?
NE
RIEN EXCLURE, TOUT CONSIDERER
Des moyens thérapeutiques à notre disposition, dont chacun,
du plus ancestral au plus "top-niveau fin du XXèrne siècle"
a son action pharmacologique propre, ses avantages et ses inconvénients,
ses indications et ses contre-indications.
Faire le tri ensemble, établir ensemble une stratégie
thérapeutique tout comme en temps de guerre, toutes les bonnes
volontés, toutes les armes, toutes les ruses sont utilisées
comme autant de moyens à notre disposition pour débouter
l'ennemi.
Ainsi en est t-il de notre demarche médicale.
Lorsque nous avons a soigner un malade, nous nous attachons d'abord
à faire le point de la situation, ce malade qui est devant nous,
dans quel état nous arrive t-il ?
Quelle est sa situation actuelle ? Quel est son passé ?
Quelle sera l'évolution logique, prévisible de sa maladie
? Quelles vont être ses possibilités de récupération
? Quelles seront les séquelles ?
Quels moyens thérapeutiques devons-nous mettre en oeuvre pour
le guérir voire seulement le soulager en urgence, à court
terme, à moyen terme et (ou) à long terme ?
L'ALPHA
et l'OMEGA
Si en urgence, bien souvent, les médicaments chimiques
usuels sont indispensables et irremplaçables, dans un second
temps, on peut réfléchir sur l'opportunité d'associer
un traitement autre, tel que l'utilisation des plantes médicinales
au traitement chimique classique qui se trouvera ainsi facilité
par une meilleure acceptation, une meilleure assimilation, une diminution
des effets néfastes, une potentialisation des effets correcteurs.
En effet, un traitement phytothérapique établi en fonction
des lois de la physiologie va permettre au malade de lutter contre sa
maladie en renforçant les défenses de son organisme, de
ralentir l'aggravation de sa maladie en freinant voire en inversant
les mécanismes qui lui ont donné le jour et de rendre
le traitement "classique" plus efficace, moins toxique, mieux toléré
et d'en minimiser les effets néfastes, tout en respectant les
idées et l'éthique du malade sur sa propre vie, sa santé
et sa manière de se soigner.
L'hôpital n'est pas une prison dans laquelle le malade est coupé
de tout, de tous, jusqu'à lui-mème, mais bien une plateforme
qui permet de passer un cap difficile et dans les meilleures conditions
possibles tant physiques que psychologiques, affectives et morales.
Et si l'espoir du malade ne tenait qu'à une petite fleur qui
réjouit son coeur, lui redonne courage et forces physiques..?
Serions-nous assez barbare et sans coeur pour lui ôter ce moyen
de défense que nous savons par ailleurs d'une réelle valeur
thérapeutique parce que l'usage ancestral, l'Alpha, et les données
les plus élaborées de la science pharmacologique et clinique
d'aujourd'hui, l'Oméga, sont là pour nous l'apprendre
et se rejoignent au chevet du malade pour son Bien ?
Encore faut-il prendre le temps de s'arrêter au lit du malade
pour le "regarder", l'écouter, l'examiner et . . l'aimer afin
de s'en apercevoir.
Non seulement la Phytothérapie a un intérêt en milieu
hospitalier à l'aube du XXIème siècle, mais elle
est une arme thérapeutique supplémentaire que nous avons
le DEVOIR d'étudier, de développer et d'utiliser pour
"guérir parfois, soulager souvent, consoler toujours" les patients
lorsque l'occasion se présente. Nous tenons à remercier
ici tous ceux qui ont compris notre démarche et nous aident à
la concrétiser dans la pratique quotidienne, tant au lit du malade,
qu'auprês de ceux que nous voyons en consultation.
Un merci tout particulier à l'équipe "des tisaniéres"
qui met tout son art et tout son amour à la préparation
des décoctions.
LA
PHYTOTHERAPIE CLINIQUE DANS LE TRAITEMENT DU MALADE ATTEINT DE CANCER
par le Docteur
M.O. Renaudin, Paris
Membre de la Société Française d'Endobiogénie
et Médecine
Notre
époque qui connaît une explosion de progrès techniques
fantastiques s'accompagne paradoxalement d'une perte de plus en plus
évidente du sens de l'humain. La médecine n'échappe
pas à ce phénomène. Elle est chaque jour un peu
plus une science, et de plus en plus une technique, mais ce faisant,
elle sacrifie l'homme vivant à la théorie, à l'abstraction,
aux statistiques. Ainsi, par exemple, en cancérologie dès
l'instant où une tumeur maligne est diagnostiquée, celui
qui la porte devient un numéro pris en charge dans un protocole
préétabli par le consensus mondial, lui-même basé
sur le fait que, pour une même maladie apparente, tous les malades
doivent répondre des mêmes traitements standardisés.
Ce culte rendu à la science et à ses applications techniques
a pour conséquence de séparer le malade de sa maladie.
On ne donne pas au patient le temps d'assimiler l'annonce qui lui est
faite du diagnostic. On ne lui permet pas de penser, de discuter de
sa maladie et des thérapeutiques envisageables. Il n'est plus
considéré comme un adulte responsable. Dans le même
temps où on le considère comme "une maladie", on le réduit
à n'être plus qu'un objet dépendant qui n'a désormais
comme seul droit d'expression que celui de parler par symptômes,
symptômes immédiatement combattus par la seule thérapeutique
du symptôme. Il perd ainsi sa personnalité en même
temps que son identité. La souffrance qui résulte du cancer
s'aggrave de celle liée à la négation et à
la désintégration progressive de son être occulté
derrière la maladie.
Ce culte de la science a également pour conséquence de
faire considérer comme retardataires et ascientifiques les médecins
qui pensent encore à l'homme, et traitent dans le même
temps la maladie et le malade dans sa réalité physiologique
globale.
Dans un tel système quel rôle peut jouer le médecin
qui a recours aux plantes médicinales pour aider un malade atteint
de cancer ? Les utilisant préférentiellement comme éléments
thérapeutiques parce que mieux adaptées à la physiologie
humaine que le médicament de synthèse, il doit être
avant tout un médecin qui s'inscrit dans une démarche
dont la finalité essentielle est d'aider le patient dans sa globalité.
Il tente de permettre au malade de retrouver la capacité d'utiliser
ses propres ressources pour se battre contre sa maladie, car "quelle
que soit la pathologie dont il est atteint, même la plus grave,
l'homme persiste sous le malade et dispose le plus souvent de ressources
encore extraordinaires, mais en général inexploitées"
(Docteur Ch. Duraffourd).
Qu'implique une telle finalité ?
Elle suppose de partir du principe fondamental que le cancer n'est pas
une maladie de survenue brutale. Il se constitue pendant des années
bien avant que le diagnostic n'en soit porté ; il est généré
par l'organisme lui-même, à partir du potentiel génétique
du sujet, potentiel unique , déterminant de ce fait un milieu
physiologique qui lui est propre, dans lequel les déséquilibres
métaboliques, se pérennisent, s'aggravent d'années
en années et aboutissent à terme au symptôme maladie.
En effet, "il faut cesser de considérer que les maladies viennent
de l'extérieur". Il est urgent de reconnaître le rôle
du malade dans la genèse de sa maladie.
Basée sur cette conception, la consultation commence par l'écoute
et l'interrogatoire, temps d'une importance fondamentale puisque tout
symptôme, actuel ou passé, exprimé par le malade
trouve une signification physiopathologique dans la spirale qui l'a
conduit au cancer. Ainsi en est-il par exemple, lorsque l'on retrouve
dans les antécédents gynécologiques de certaines
patientes des éléments apportant la certitude de l'implication
de certains déséquilibres du système endocrinien
et de leurs interférences métaboliques, comme événements
charnière de la genèse de la maladie.
Cette connaissance indispensable du rôle de la fonctionnalité
endocrinienne, tant dans la physiologie que dans la pathologie, permet
au médecin phytothérapeute, en prenant toujours en compte
la dynamique sans cesse évolutive de l'être humain, de
tenter de corriger les dysfonctions métaboliques reconnues, à
l'aide de plantes choisies pour leurs diverses activités biologiques.
Ainsi en est-il également lorsque sont retrouvés dans
les antécédents d'un patient des signes permettant de
diagnostiquer une insuffisance fonctionnelle des glandes surrénales,
de reconnaître leur participation à l'expression de la
pathologie et donc d'avoir la possibilité d'intervenir à
la fois sur l'un des mécanismes étiologiques de la maladie
et sur la nécessaire capacité d'adaptation des surrénales
à l'agression que représentent des traitements souvent
lourds.
Cette "écoute physiologique" attentive inclut nécessairement
l'attention au malade dans sa globalité : c'est aussi saisir
chaque phrase, chaque intonation, chaque silence, qui permettent d'entendre
les peurs, les angoisses, les refus, la colère, la révolte,
les choix personnels; il n'y a pas de mesquinerie, ni de petitesse dans
un être qui se livre. Un homme ou une femme qui souffre attend
quelque chose de plus que la seule prescription médicamenteuse,
aussi parfaite soit-elle.
Le malade attend de rencontrer un praticien qui l'aide à traiter
sa maladie, mais la réintégration de celle ci comme part
intégrale de lui-même va amener le médecin à
lui faire découvrir, à travers l'épreuve que représente
le cancer et ses traitements, l'être unique qu'il est, les orientations
à changer dans sa vie, quelle nouvelle direction prendre.
Une prise de conscience plus juste de sa responsabilité dans
la genèse de sa maladie lui permettra de ne plus se sentir victime
et impuissant, mais de devenir acteur dans le processus de guérison,
de retrouver son être profond jusque là réduit au
silence, d'acquérir la volonté de vivre quelle que soit
la gravité de son état, volonté qui loin d'être
une abstraction théorique est une réalité physiologique
portant en elle des capacités thérapeutiques. En apprenant
à découvrir son "Moi" profond et à l'aimer, il
apprend également à aimer la vie chaque jour, en acceptant
qu'elle ne dure pas toujours.
Après ce temps primordial de l'écoute, vient celui, non
moins important, de l'examen clinique. Là encore "l'écoute"
est nécessaire, "écoute" d'un corps qui parle, pas seulement
au niveau de la tumeur, car celle-ci n'est pas indépendante de
l'organisme qui l'a engendrée et qui la porte, mais qui également
lutte contre elle, essaie de l'endiguer dans sa croissance. "Ecoute",
avec les mains et avec les yeux, des éléments liés
à la maladie elle-même et ceux de lutte de l'organisme
contre elle, ceci dans une vision globale de leur interrelation afin
de déceler les facteurs de réaction qu'il faut soutenir
et ceux inducteurs de la maladie qu'il faut au contraire freiner.
Ce temps clinique est d'une importance fondamentale également
pour définir la stratégie thérapeutique à
adopter. Le cancer d'un organe ou d'un système, n'existe que
grâce à son environnement nutritif, que grâce aux
éléments hormonaux, neurovégétatifs qui
l'ont engendré. Pour se développer, il contrôle,
domine, dévie à son profit des processus physiologiques
normaux. Il est donc capital de déterminer le niveau exact du
combat qui se livre entre le malade et sa tumeur : si la maladie domine
le malade, elle doit être traitée en premier lieu (il est
évident qu'une occlusion sur cancer impose une intervention d'urgence).
Mais le plus souvent, la tumeur ayant obligatoirement nécessité
plusieurs années pour se construire, le médecin a le temps
de compléter le bilan fonctionnel et organique par des examens
biologiques qui permettent de faire une approche synthétique
et dynamique de la relation malade-maladie, selon la théorie
endocrinienne du terrain telle que l'enseigne le docteur Ch. Duraffourd.
Au terme de cette approche globale, le traitement de la maladie et du
malade peut débuter. Autant, chirurgie, chimiothérapie
et radiothérapie sont nécessairement inclues dans la stratégie
thérapeutique de la maladie tumorale, autant un traitement phytothérapique,
spécifique à chaque malade, trouve-t-il sa place, permettant
d'une part d'améliorer la tolérance générale
aux traitements de la maladie, mais également d'éloigner
progressivement le malade des déséquilibres métaboliques
qui ont engendré celle ci.
Prenons un exemple : si la thérapeutique retenue pour traiter
la maladie est la chimiothérapie, que va apporter un traitement
phytothérapique concomitant ?
On sait que l'effet bénéfique de la chimiothérapie
est la destruction des cellules tumorales, mais elle exerce également
une certaine toxicité sur toutes les cellules saines de l'organisme.
Ainsi donne-t-elle au foie un surcroît de travail par les nombreux
déchets qu'elle l'oblige à éliminer, et ce tout
en exerçant son effet toxique sur les cellules qui doivent fournir
ce travail, effet dont l'importance dépend et de l'état
antérieur de cet organe et du protocole utilisé. Il est
donc aisé de comprendre que l'alimentation doit être la
moins toxique possible afin de ne pas augmenter le travail de détoxication
du foie, et la moins nutritive possible afin de fragiliser les cellules
tumorales, puisque celles ci ne pouvant fournir l'énergie nécessaire
à leur multiplication, dépendent totalement des nutriments
absorbés.
L'importance de la diététique n'est plus à démontrer,
quand on sait qu'une tumeur mange son poids de sucre toutes les quatre/cinq
heures, que certaines hormones sont synthétisées à
partir du cholestérol que l'on absorbe dans les graisses, et
construisent des tumeurs grâce aux protéines animales ingérées.
Notre expérience nous a appris que la diététique
pouvait être considérée comme un traitement préventif,
un traitement d'urgence, et/ou un traitement curatif. Associée
aux conseils diététiques, la phytothérapie a une
place de choix, puisque nombreuses sont les plantes ayant une action
de drainage et de protection hépatique, mais qui sont bien sûr
choisies en fonction également de leurs autres propriétés
spécifiquement adaptées à chaque malade.
La chimiothérapie n'attaque que les cellules à renouvellement
rapide, d'où ses possibilités thérapeutiques, mais
d'où également l'atteinte des cellules digestives et les
symptômes dont se plaignent les malades : nausées, constipation
ou au contraire diarrhée, spasmes douloureux etc. Là encore,
les plantes médicinales sont d'un précieux secours par
leur action régulatrice, cicatrisante, laxative ou antidiarrhéique,
rééquilibrante de la flore intestinale, et anti-infectieuse
sans créer de résistance comme le font les antibiotiques.
Autres cellules à renouvellement rapide, celles de la moelle,
d'où la chute si redoutée des globules blancs dans l'intercure.
Chute redoutée par les malades qui sont la cible des virus et
des germes qui trouvent en eux un terrain parfaitement propice à
leur développement, redoutée aussi par les médecins
qui recourent immédiatement aux antibiotiques. Et pourtant l'origine
de cette diminution des globules blancs circulants n'est pas univoque.
Elle est due soit à une insuffisance de restauration de la moelle
soit à un blocage des globules dans la circulation splanchnique,
blocage qui peut alors être levé par des décoctions
de plantes à doses fortes et à visée étiologique,
ce qui dans ce cas permet d'éviter l'utilisation de facteurs
de croissance dont le but est de stimuler la synthèse médullaire,
mais au sujet desquels, personne, à l'heure actuelle ne peut
affirmer avec certitude qu'ils ne sont pas également facteurs
de croissance pour toutes cellules.
La chimiothérapie diminue les défenses immunitaires; l'utilisation
de plantes qui les stimulent, d'oligoéléments et de certaines
vitamines qui les renforcent, et ont une activité anti-infectieuse,
sans créer de résistance, ni d'effets secondaires comme
les antibiotiques, permet aux malades de vivre beaucoup mieux leur traitement
chimique et le plus souvent de ne pas espacer les cures chimiothérapiques
dont l'efficacité dépend de la régularité
de leur administration.
Ainsi peut être améliorée la tolérance de
chaque organe, de chaque système dans leur interrelation les
uns avec les autres, par des plantes médicinales permettant de
solliciter, de soutenir, et de freiner les mécanismes de régulation
propres à chaque personne.
En dehors des véritables urgences, la chirurgie ne doit jamais
être première. D'une part, un bilan tel que nous l'avons
envisagé doit toujours être le premier geste effectué,
et ce avant que toute autre agression ne soit portée. D'autre
part, la chirurgie peut être dangereuse lorsqu'elle est effectuée
dans une phase évolutive du cancer, alors qu'elle a totalement
sa place lorsque l'évolutivité de celui-ci est freinée
par les défenses du malade. Ainsi apparaît clairement la
nécessité de prendre le temps de le préparer à
l'intervention, de renforcer ses systèmes de défense,
de rééquilibrer ses organes de faiblesse, de diminuer
l'intensité des agresseurs exogènes et ou endogènes
auxquels il était soumis.
Le soutien du malade, en lui-même et face à sa maladie,
est une nécessité absolue et implique ainsi une prise
en charge globale à tous les temps de l'évolution et quelle
que soit la modalité retenue pour le traitement de la maladie
: chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie. C'est parce
qu'elle "a réduit le patient à sa maladie, que la cancérologie
s'est fourvoyée dans une impasse, dont elle ne pourra sortir
qu'en redécouvrant et en respectant l'être humain dans
sa globalité".
Une nouvelle science destinée à traiter le malade dans
sa globalité, selon sa propre physiologie, sa propre physiopathologie,
science qui permet de ne plus le réduire à sa seule maladie
puisqu'elle reconnaît la spécificité de chaque être,
se développe depuis sept ans, en ce qui concerne le domaine de
la cancérologie, à la Clinique Chirurgicale Générale
et Oncologique de l'Hôpital Boucicaut (Assistance Publique Paris)
où le Professeur J. Reynier a demandé aux docteurs C.
Duraffourd et J.C. Lapraz d'appliquer leurs connaissances, dans une
spécialité issue entièrement de leurs travaux et
à laquelle il a donné le nom d'oncobiologie, afin de les
mettre au service de ses malades atteints de cancers.
LES
PLANTES MEDICINALES AU SECOURS DES MALADES TRAITES PAR LA CORTISONE
par les Docteurs
C. Duraffourd et J.C. Lapraz, Paris.
Président
et Secrétaire Général de la Société
Française d'Endobiogénie et Médecine.
Les
possibilités offertes par les plantes médicinales aux
patients auxquels est proposé un traitement à base de
cortisone peuvent être très intéressantes à
la condition que leur utilisation soit basée sur une approche
globale de l'individu prenant en compte l'étude de l'ensemble
des phénomènes physiopathologiques qui participent à
son déséquilibre. Elles offrent un éventail très
large de possibilités thérapeutiques, tous niveaux d'activité
pharmacologique confondus. L'utilisation de leurs propriétés
thérapeutiques aura deux axes principaux, l'un classique s'occupera
de la maladie, l'autre spécifique s'attachera à la correction
des désordres reconnus chez le sujet porteur de celle ci.
Seule une parfaite connaissance des propriétés réelles
et du niveau véritable d'activité pharmacologique de chacune
des plantes médicinales utilisées permet l'élaboration
d'un traitement actif et à nocivité désamorcée.
Elle en permet un véritable usage stratégique par la mise
en place d'une synergie de fait. Celle ci consiste à assembler
sur une même ordonnance des plantes à activité analogue
ou complémentaire, susceptibles d'associer leurs effets positifs
pour induire l'action souhaitée à des doses suffisamment
faibles pour ne pas permettre aux effets secondaires non maîtrisables
de se manifester.
Le choix d'un traitement phytothérapique seul ou la manière
dont seront associés dans un traitement mixte corticothérapie
et phytothérapie varieront, d'une part, selon que l'intensité
et la virulence de l'agression initiale feront craindre une extension
loco-régionale rapide ou générale de l'affection,
d'autre part, selon ce que l'examen clinique aura permis d'espérer
quant à la réactivité possible du malade, c'est-à-dire
l'état actuel de ses défenses et sa possibilité
de les mobiliser.
1)
Critères de mise en place d'un traitement phytothérapique
seul
Le plus souvent, la plante totale est inférieure en puissance,
dans son activité symptomatique, à celle du principe actif.
Ce n'est que très exceptionnellement qu'un extrait de plante
n'aura pas de concurrent chimique ou pourra en remplacer un existant.
Le traitement phytothérapique sera préféré
au traitement à base de cortisone lorsque son résultat
a d'assez grandes chances de s'avérer :
- supérieur, et c'est parfois le cas,
- identique, mais à moindres frais secondaires,
- moindre apparemment, mais à préférer si on met
en balance les effets secondaires du traitement chimique.
2)
Principes de base de l'intégration d'un traitement à base
de cortisone à un traitement phytothérapique.
- Chaque fois que le médecin doit faire face à une crise
aiguë primaire ou évolutive, le risque de destruction rapide
d'une fonction sauf intervention urgente et massive, la limite de ses
connaissances, le doute sur les capacités réelles du malade
à mobiliser ses défenses imposeront d'associer d'emblée
phytothérapie et corticothérapie.
Le soutien général apporté à l'organisme
des patients sous cortisone par des produits moins toxiques à
base de plantes médicinales peut représenter un bénéfice
considérable. Leur prescription relève d'une stratégie
complexe s'appuyant sur les connaissances médicales les plus
modernes. Par leurs propriétés intrinsèques dues
en partie à la judicieuse répartition des principes actifs
qu'elles véhiculent à dose unitaire variable, elles offrent
au thérapeute qui en est conscient la possibilité de solliciter
les mécanismes de régulation physiologique propres du
malade.
La protection qu'elles peuvent ainsi apporter, à condition qu'elles
soient bien prescrites, représente un apport non négligeable
à la prévention des complications de la corticothérapie.
Selon nous, l'adjonction du complément phytothérapique
au remède cortisonique doit être systématique. Elle
permet à la Phytothérapie d'assurer :
- son rôle réducteur : l'association phytothérapie/corticothérapie
assure une meilleure tolérance des effets secondaires du médicament
cortisonique et diminue leur intensité.
- son rôle correcteur : la phytothérapie, adjointe à
la corticothérapie pour corriger le déséquilibre
prévisible ou installé, permet de reculer ou d'éviter
l'apparition d'autres maladies induites qu'il faudrait traiter par des
remèdes chimiques d'une autre classe.
Elle constitue ainsi à la fois une économie médicamenteuse
et une épargne iatrogène.
- L'association du traitement phytothérapique au traitement cortisonique
permet dans certains cas de réduire la dose initiale du remède
et d'éviter l'escalade des doses à appliquer, aux conséquences
souvent redoutables pour le patient. Elle peut écourter la durée
de la phase aiguë de l'affection, abréger d'autant le temps
d'application de la cortisone et permettre d'arriver ainsi plus vite
au stade où un traitement phytothérapique peut être
maintenu seul.
- L'association phytothérapie/corticothérapie rend plus
rare le recours à une poly-association de remèdes chimiques
complémentaires, et plus particulièrement quand le remède
à base de cortisone déjà en place n'a pas empêché
le génie évolutif propre de la maladie d'aller spontanément
vers l'aggravation. Il y a alors facilitation de l'action cortisonique.
Le traitement qui doit s'attacher essentiellement à la protection
du malade comporte les éléments stratégiques établis
en fonction de chaque patient, principe fondamental sur lequel repose
toute thérapeutique de terrain : la personnalisation de l'ordonnance.
La stratégie est fondée sur l'optimisation des fonctions
directement impliquées dans la lutte de l'organe et de l'organisme
contre la maladie. Elle associe de façon systématique
une réduction des principaux facteurs d'accompagnement qui affaiblissent
l'organisme à une tentative de correction des facteurs de rupture
de l'équilibre spécifique qui précède le
plus souvent l'installation de toute maladie.
Elle évitera de substituer une agression à une autre par
le respect de posologies qui, sans amoindrir l'action des plantes médicinales
utilisées, permettent d'éviter le plus possible toutes
manifestations d'effets secondaires.
Pour accéder à son idéal hippocratique, la médecine
doit savoir tendre vers une juste balance entre les problèmes
posés par la maladie et ceux posés par le patient qui
en souffre. Sans négliger les soins propres à affaiblir
directement la maladie constituée, le médecin doit s'efforcer
de préférer, chaque fois que cela est possible, une thérapeutique
privilégiant la responsabilité de l'organisme dans la
maîtrise de son état de santé à toutes celles
à action substitutive, pour le meilleur devenir du patient.