Association des Usagers de la Phytothérapie Clinique |
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idées fausses et vrais problèmes
par le
Docteur Axelle BRISARD, Classiquement,
la ménopause est un phénomène physiologique traduisant
le déclin de l'activité ovarienne consécutif à
la diminution du capital folliculaire.
Trois phases clairement définies précèdent la ménopause
confirmée : une phase folliculaire courte, une phase de corps
jaune inadéquat, une phase d'anovulation. La ménopause
confirmée débute "officiellement" douze mois plus tard,
après les dernières vraies règles, et quand un
progestatif ne les déclenche plus.
Puis, peu à peu intervient la diminution de la sécrétion
oestrogénique.
En perturbant les métabolismes protéique et calcique, la carence en oestrogènes peut aussi provoquer des troubles osseux et donc entraîner, chez certaines femmes prédisposées, l'apparition d'un syndrome d'ostéoporose post-ménopausique d'installation progressive, avec raréfaction de la trame de l'os et apparition de douleurs. Cette carence peut favoriser la survenue de troubles cardiovasculaires du fait de l'augmentation du taux de lipides circulants, de l'augmentation du cholestérol et des triglycérides liés aux bétalypoprotéines plasmatiques, de la diminution des alphaprotéines prédominant chez la jeune femme. Elle peut donc être à l'origine d'accidents cardiovasculaires et d'athérosclérose. Enfin, la baisse des oestrogènes entraîne la diminution du tonus veineux, facilitant ainsi les lésions vasculaires et majorant les risques d'athérogénèse. Quand la ménopause est installée, un oestrogène est associé au progestatif : c'est le Traitement Hormonal de Substitution (TSH) dont pratiquement seuls les cancers du sein ou de l'utérus en sont la contre-indication. Pour les médecins utilisant l'approche clinique et biologique que permet la théorie endocrinienne de terrain, si la ménopause est certes une diminution de la sécrétion des oestrogènes, elle est aussi une étape physiologique de la vie de la femme, qui entraîne, selon les possibilités de l'organisme de chacune, la mise en place d'éléments de substitution en réponse à la carence hormonale. Dans la vie d'une femme, vers la cinquantaine, la ménopause marque un point de rupture particulier dans l'équilibre de son terrain, ce qui sous-entend qu'elle constitue une période de risques de décompensation et d'apparition de maladies qu'il convient de prévoir et prévenir avec vigilance. L'arrêt de la capacité de reproduction ne signifie pas que l'activité de l'ovaire s'éteigne complètement. Après l'interruption définitive des règles, il persiste une sécrétion ovarienne de base qui intervient au niveau du métabolisme général de l'organisme. La théorie endocrinienne de terrain montre que l'organisme est un tout. Son fonctionnement est comparable à un enchaînement d'actions et de réactions. Chaque fois qu'un maillon de la chaîne se transforme ou que sa fonction se modifie, tous les autres maillons sont concernés et doivent s'adapter.
Au niveau du système génital, interviennent à la
fois des facteurs de régulation internes à ce système
(ovaire, hypophyse, hypothalamus) et des facteurs de régulation
externes (thyroïde, cortico-surrénale, peau, foie, rein,
pancréas, hormone de croissance, système neurovégétatif). Quel
est l'enjeu réel
Cet enjeu est double puisqu'il se veut un enjeu de santé publique
et financier. Quelle crédibilité accorder à ces idées dans l'air du temps qui, à l'instar de la DHEA (déhydroépiandrostérone, qualifiée d'hormone de la prévention des troubles de la vieillesse), le présentent comme le nouvel élixir de jeunesse et la solution parfaite à tous les problèmes liés à la ménopause ? Leurs fondements sont-ils réellement scientifiques ?
Pour conduire notre réflexion, nous nous appuierons sur l'approche
comparative que nous avons tenté de faire entre la vision classique
exclusivement symptômatique, qui considère la ménopause
comme un état de maladie, et celle beaucoup plus globale proposée
par les Drs C. DURAFFOURD et J.-C. LAPRAZ. LES IDEES JUSTES Le réel intérêt des oestrogènes, c'est l'intérêt esthétique. Sur le plan cutané l'oestrogénothérapie de substitution est remarquablement efficace, mais cette efficacité, dans la majorité des cas, ne dure pas plus de cinq ans. Au terme de cette durée, on assiste en effet à un échappement de l'organisme aux effets cutanés heureux du traitement. La prescription des oestrogènes de substitution améliore très rapidement le petit pourcentage de femmes qui ont effectivement une déperdition brutale d'oestrogènes, et une qualité de peau qui les prédispose à un vieillissement accéléré. En un à deux mois, elles retrouvent une peau souple, fine et douce. Par contre, il est du devoir du médecin de les mettre en garde contre tous les risques que représente l'oestrogénothérapie de substitution. Si la beauté de leur peau est pour ces femmes une priorité plus grande que les dangers et les risques évoqués, il faut respecter leur désir. Elles ont le droit de préférer l'esthétique à la santé, c'est leur choix. Mais si le bilan de terrain fait apparaître un haut risque de cancer du sein ou le risque de survenue d'une autre pathologie, notre approche est de refuser de prescrire un tel traitement. Quant aux femmes qui ne présentent pas de problème cutané ou muqueux majeur, il faut les convaincre que, pendant les deux premières années un traitement de terrain endocrinien bien conduit facilite l'adaptation à la ménopause, en relançant tous les processus de "re"-production des oestrogènes naturels. En général, chez la plupart d'entre elles, ce laps de temps est suffisant pour arriver à leur redonner une apparence cutanée satisfaisante. Mais il est vrai qu'il leur faut "tenir" pendant ces deux premières années de leur ménopause, au cours desquelles leur peau risque de se flêtrir un peu, et leur cellulite se répartir différemment. Nous disposons de deux ans d'adaptation, parce que la remontée des oestrogènes se fait très lentement. L'état de la peau est un bon témoin de l'efficacité du traitement. Après cette période, les résultats plafonnent et nous ne pouvons pas obtenir beaucoup mieux. Mais les processus d'adaptation à leur ménopause ont été alors mis en place. A ce moment-là, nous pouvons accepter de leur prescrire des oestrogènes cutanés (substitution moindre que par voie orale) à des doses réduites des deux tiers par rapport aux doses habituelles, pour que la substitution ne soit pas excessive et qu'elle ne freine pas de façon trop forte l'action du traitement de terrain. En général, ces femmes récupèrent vite une peau aussi intéressante que celle des femmes sous THS depuis deux ans. Trois ans plus tard, ces dernières échapperont à l'efficacité du THS, tandis que les premières seront dans un meilleur état du fait du traitement de terrain. Il ne faut pas que l'argument avancé : "Vous comprenez, toutes mes amies me disent qu'elles prennent des oestrogènes, elles sont belles et en pleine forme" fasse oublier l'ampleur des risques encourus. Quelles
sont les femmes qui peuvent Nous pouvons discuter de la nécessité d'un traitement hormonal de substitution chez certaines femmes de type hystéroïde ou spasmophile hystéroïde, qui font des dépressions nerveuses très rapidement après l'installation de leur ménopause. Plutôt que de leur prescrire des antidépresseurs, il vaut mieux alors leur donner un minimum d'oestrogènes de substitution. Ce sont très souvent des femmes hyperoestrogéniques avec une oestrogénie résiduelle importante. Nous faisons courir moins de risques à ce genre de femmes qu'à d'autres, à condition de ne pas utiliser des doses très fortes. Nous pourrons prescrire, par exemple, Oestrogel (1/4 de dose, 1 jour sur 2 pendant tout le mois), tout en assurant un soutien général grâce au traitement phytothérapique, ou à la rigueur, nous ajouterons un progestatif tel le Progestogel ou l'Utrogestan (non plus aux doses usuelles, mais à la dose de 1 comprimé 1 jour sur 2, 15 jours par mois). Ces femmes sujettes à des dépressions très directement liées à la ménopause, présentent aussi, en général, une assez grande fragilité de leur peau qui se creuse, se ride et se dessèche très vite. Sous leur oestrogénie hystéroïde, elles ont une androgénie réactionnelle qui se manifeste rapidement, expliquant ainsi l'apparition d'une pilosité drue et noire qui leur pose un réel problème. Bien entendu, la décision d'utiliser certains éléments du THS ne sera prise chez ces femmes très particulières qu'après s'être assuré qu'elles ne s'exposent pas à un risque de cancer ou à une autre maladie. LES IDEES FAUSSES La médicalisation Comment croire que la ménopause est une "maladie" qui doit être médicalisée, alors qu'elle ne fait que marquer un point de rupture particulier dans l'équilibre de terrain de la femme ? La vision linéaire et simplificatrice Comment croire que la ménopause, nouvel état impliquant un changement global de l'état endocrinien et métabolique de la femme, ne doive et ne puisse trouver prévention aux difficultés qu'elle peut générer que par le seul usage de l'hormone déficitaire ? Pourquoi "oublie"-t-on que de très nombreux facteurs sont intriqués (état hormonal thyroïdien, corticosurrénalien, etc., hygiène de vie, alimentation, marche, tabac, etc.) dans l'installation d'une ostéoporose et donc dans le risque de survenue d'une fracture du col du fémur. La prise en compte de chacun de ces facteurs dans la genèse de l'ostéoporose est tout aussi importante que celle de la carence hormonale ? La dissimulation des échecs Pourquoi présente-t-on l'hormonothérapie substitutive comme une garantie de protection absolue contre les risques osseux liés à la ménopause, alors que nous avons des exemples de patientes qui ont présenté des fractures bien qu'étant depuis de nombreuses années sous THS ? Pourquoi, dans notre pratique quotidienne, observons-nous des patientes sous THS dont la courbe de perte osseuse n'est en rien modifiée par celui-là, et poursuit inéluctablement sa descente ? Les promesses douteuses Le délai moyen d'apparition des fractures du col du fémur de nature ostéoporotique est de l'ordre de plus de vingt années après l'âge d'installation de la ménopause. Tous les auteurs s'accordent à reconnaître que pour observer un effet préventif de l'ostéoporose il faut de dix à quinze ans d'application quotidienne du THS. La majorité des femmes ne poursuivant leur traitement que quelques années seulement : comment peut-on affirmer catégoriquement qu'au plan de la santé publique, le THS préviendra un tel risque ? Faire croire aux femmes à l'efficacité à tout coup de l'usage d'une hormone dont on sait que la carence n'est qu'un des dix facteurs qui participent à la genèse d'une ostéoporose, c'est leur donner l'assurance d'une réelle prévention de la maladie alors que des travaux ont montré que l'hyperoestrogénie peut induire l'apparition d'une ostéoporose. Est-il sain de répandre dans le public l'idée que le THS fera économiser à la Sécurité Sociale beaucoup d'argent (le coùt des frais d'hospitalisation pour fracture du col du fémur), alors que la prise en charge annuelle pour les millions de femmes françaises qui devront prendre le THS remboursé en prévention de ces fractures sera, en terme d'argent, plusieurs fois supérieur au bénéfice allégué ? Des études statistiques qui posent problème Comment expliquer la discordance des études statistiques menées, dont certaines relient THS et augmentation de risque de cancer du sein, et d'autres soutiennent des conclusions inverses ? Lorsqu'on étudie un élément symptomatique dans une population génÈéale, plus le nombre d'éndividus recrutés dans cette population est grand, plus la relation de cause à effet est difficile à Ètablir. Cela s'explique par la nature du terrain de chacune des personnes qui composent la population. Si on dilue le nombre des femmes à risque dans une population générale où d'autres femmes pourront sans risque, du fait de la qualité de ce même terrain, supporter des doses fortes et prolongées de THS, on ne pourra jamais mettre en évidence de lien absolu entre cancer et oestrogène. Par contre, si on sélectionne des femmes fragilisées au plan hormonal, etc., avec des facteurs de risque importants, on va observer chez elles une corrélation directe de cause à effet entre les oestrogènes et leur cancer du sein. Ce phénomène de dilution de l'information est très important. Là où l'on croit que statistiquement, en multipliant le recrutement, on va avoir une information plus grande, on réduit en réalité l'information. Bien évaluer les risques Pourquoi faire courir à des femmes les risques inhérents à l'hormonothérapie substitutive prescrite en prévention des problèmes cardiovasculaires liés à la ménopause, alors qu'une telle prévention peut s'obtenir pas des traitements moins potentiellement iatrogènes ? Comment affirmer que la contre-indication absolue se résume seulement à un antécédent personnel de cancer du sein ou de cancer de l'endocol ou de l'endomètre, alors que de nombreuses autres contre-indications, tout aussi absolues, sont liées à l'état spécifique de chaque femme et à sa fonctionnalité organique et hormonale spécifique, hors de tout état maladie ? Comment peut-on encore continuer d'ignorer les inter-relations entre les oestroprogestatifs et les autres éléments du système hormonal : thyroïde, cortex surrénal, pancréas ? C'est méconnaître que la fonctionnalité de ces glandes est spécifique à chacune, et faire courir le risque à certaines femmes dont la fonction thyroïdienne est élevée infracliniquement (c'est-à-dire sans qu'elle présente de signes cliniques d'une hyperthyroïdie déclarée), que la prescription d'une oestrogénothérapie au long cours les fasse basculer vers un état thyroïdien maladie, alors que pour d'autres à thyroïde normale, aucun effet néfaste thyroïdien n'apparaîtra. Comment ignorer que la fonctionnalité des organes de drainage chargés d'assurer la métabolisation des produits hormonaux est propre à chacune ? Par exemple, certaines d'entre elles, à fonctionnalité hépatique déficiente infracliniquement, souffriront de conséquences nuisibles, alors que d'autres soumises au même traitement hormonal n'en présenteront aucune. Ainsi, en modifiant le turn-over métabolique des hormones absorbées on risque d'engendrer, dans certains cas, des surcharges relatives tissulaires en oestrogènes dont les effets secondaires pourront alors se manifester. Ces points capitaux appellent la mise en place d'une nouvelle pharmacovigilance que les Drs DURAFFOURD et LAPRAZ dénomment "pharmacovigilance de terrain". Elle implique la compréhension d'une notion fondamentale en médecine de terrain : la réactivité. Faute d'avoir envisagé le problème sous l'angle de l'individu, la médecine hormonale risque, par ignorance, d'être à l'origine de graves dangers.
Par le déséquilibre hormonal induit, la ménopause constitue une des périodes les plus critiques de décompensation de la vie de la femme. A cet âge, l'organisme est déjà plus ou moins fatigué et soumis à de multiples autres agressions (affectives, familiales, professionnelles, alimentaires). D'où la nécessité impérative, pour le thérapeute, d'un soutien de l'ensemble de l'organisme et de son rééquilibrage global, prenant en compte toutes les fonctions, tous les organes, tous les systèmes et cela à chaque stade de leur évolution. Le traitement ne peut donc se concevoir sans un examen clinique préalable très approfondi qui, associé à une analyse fine d'examens biologiques, permettra d'appréhender très précisément le terrain de la femme. Il devra être le plus précoce possible dans la pré-ménopause, même si elle semble se passer dans les meilleures conditions. A ce stade-là et à celui-là seul, on pourra assurer à la femme le confort optimal à la troisième partie de sa vie. Il ne devra pas être statique et devra s'adapter au fur et à mesure, aux diverses époques de l'évolutivité. Les moyens thérapeutiques, eux, doivent s'efforcer de rester rigoureusement physiologiques, tant dans leurs mécanismes d'action que dans leurs doses d'activité. Ils visent à faciliter ou restaurer le niveau ultérieur de la participation oestrogénique au fonctionnement général de l'organisme et à restaurer le meilleur équilibre possible entre tous ses composants. Le médecin conscient de ces réalités de la physiologie humaine ne se laissera pas charmer par les chantres de "l'hormonal à tout-va". Il a compris que le THS, par les interférences hormonales et métaboliques qu'il est capable d'induire à de multiples niveaux dans l'organisme de la femme, peut provoquer des changements de niveau d'activité d'autres systèmes hormonaux ou d'autres fonctions, avec les conséquences néfastes qui peuvent être liées à de telles modifications. Ainsi, dans une intégration de la symptomatologie et de la biologie fine, comme le permettent les travaux en cours au sein de la SFPA, seront analysés tous les éléments permettant la réflexion spécifique sur le cas de la femme qui aura consulté. A l'inverse du médicament chimique qui ne comporte qu'un principe actif, concentré de manière à avoir en toutes circonstances une activité mesurable et constante chez tous les individus à qui il est administré, les plantes médicinales judicieusement choisies n'empêchent pas, mais au contraire facilitent la continuité de l'activité de fond de notre système hormonal. Prescrites à des dosages qui maintiennent les principes actifs qu'elles renferment à des concentrations sanguines égales à celles de nos propres hormones, elles s'intègrent à l'activité physiologique de l'individu qui les absorbe permettant ainsi les changements nécessaires à l'établissement d'un meilleur équilibre. A l'inverse des hormones de substitution qui, en se concentrant à des taux cent à trois cents fois supérieurs à ceux des hormones naturelles circulant dans le sang, bloquent toute activité hormonale propre du sujet, les plantes médicinales peuvent grâce à leurs principes actifs, réguler, stimuler ou freiner les sécrétions propres des glandes endocrines, du système neurovégétatif, des différents organes. Par leur teneur en principes oligométalliques, vitaminiques, reminéralisants, elles possèdent une vaste gamme d'activités qui leur permettent d'agir à tous les niveaux de l'organisme et de manifester des effets antioxydants, antidégénératifs et celluloprotecteurs. En généralisant abusivement l'usage du Traitement Hormonal de Substitution à l'ensemble de la population féminine française, respectons-nous réellement le principe de base de la médecine : "Primum non nocere" ?
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