Phyto 2000 Association des usagers de la phytothérapie

Association des Usagers de la Phytothérapie Clinique

SOJA, YAM
ATTENTION : DANGER !


par le docteur Marie-Odile RENAUDIN
membre de la Société Française d'Endobiogénie et Médecine


 

"Les plantes : si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal !"

Combien de fois n'avons-nous pas entendu cette phrase, d'autant plus dangereuse qu'elle semble innocente !

Nombreuses sont les femmes qui quotidiennement absorbent des traitements à base d'oestrogènes et de progestérone. Sans crainte, puisque de tels produits "ne représenteraient aucun danger pour le sein". Pourtant, dès qu'un cancer de cette glande apparaît, immédiatement on leur ordonne de cesser de les prendre.
Pourquoi, alors, s'il n'existe aucune relation entre traitements hormonaux et cancer du sein, doit-on les arrêter dès ce diagnostic posé ? Serait-ce parce qu'ils peuvent faire proliférer une tumeur ?
A cette question pleine de bon sens, et souvent posée avec inquiétude, une réponse commence à se faire entendre : "A la place des hormones chimiques, prenez donc des hormones naturelles, les phytoestrogènes supprimeront vos bouffées de chaleur, vous protégeront contre l'ostéoporose, la maladie coronarienne... et puis elles ne vous feront pas de mal." Ainsi le pas est-il franchi : les hormones naturelles - phytoestrogènes et progestérone naturelle - sont là pour remplacer les hormones de synthèse.
Si, de ce fait, leur activité hormonale est reconnue, par contre leurs effets secondaires sont niés. Pourtant, à activité pharmacologique voisine, l'hormone dite naturelle est susceptible d'induire des réactions -positives ou négatives - tout à fait analogues à celles de l'hormone de synthèse. Ce n'est pas le caractère naturel d'une substance qui lui confère sa nocivité ou son innocuité.

La conception qui oppose le "bon" naturel au "mauvais" synthétique est totalement a-scientifique. Pour qu'un produit manifeste une activité hormonale immédiatement mesurable, il est obligatoire qu'un quantité minimale de principes actifs soit absorbée, et que le remède (chimique ou naturel) en contienne un minimum pondéral. Or les plantes médicinales ne renferment que des concentrations très faibles de principes hormonaux. Aussi, pour obtenir un médicament à activité pharmacologique qui se prétend comparable à celle de produits de synthèse, doivent-elles subir des traitements spéciaux qui font que les extraits mis sur le marché n'ont plus rien à voir avec la plante dont ils sont issus.
Sans pour autant atteindre ni la puissance, ni la fiabilité, ni la reproductibilité des hormones chimiques, l'usage de ces produits dits naturels peut faire courir de réels risques à leurs consommateurs.

Ainsi, le soja est une légumineuse qui contient des phytoestrogènes, comme l'avoine, le maïs et l'orge, mais à concentration supérieure. S'il peut jouer un rôle de régulation physiologique, par exemple en périménopause, en corrigeant une insuffisance oestrogénique sans dommage chez certaines femmes, chez d'autres, il peut engendrer des actions ou réactions hormonales propices à l'induction, la stimulation, la multiplication de cellules cancéreuses. Comme tous les oestrogènes, les phytoestrogènes peuvent, selon les cas, alimenter directement une tumeur oestrogénodépendante, ou engendrer une réactivité hormonale hypophysaire susceptible d'induire ou d'accélérer le mécanisme cancéreux.
La valeur absolue de la dose reçue ne fait rien car l'effet final reste relatif par rapport à chaque personne. Ce qui veut dire qu'il ne peut y avoir de dose standard : le même taux journalier ingéré par deux personnes sera substitutif pour l'une, alors que pour l'autre il sera insuffisant pour freiner les mécanismes de régulation impliqués.
Si des travaux scientifiques ont prouvé l'activité oestrogénique du soja, la clinique la confirme, s'il en était besoin : des femmes mises sous traitements antioestrogéniques pour un cancer du sein voient disparaître les bouffées de chaleur induites par cette thérapeutique en prenant des gélules de soja ! Dans le même temps, ce produit naturel semblant bénéfique pour la malade se retourne contre elle, puisqu'il augmente le taux élevé d'oestrogènes que justement l'on essaie de diminuer.
Il en est de même pour le yam ou igname, patate douce contenant un saponoside (diosgénine), précurseur hormonal de la DHEA, hormone surrénalienne, et de la progestérone, hormone sécrétée par les ovaires.
Ainsi, toute substance à activité hormonale, qu'elle soit d'origine végétale ou chimique, apporte-t-elle une information que l'organisme intègre, reconnaît et traite selon sa structure génétique, ses besoins métaboliques de base et adaptatifs.


Le caractère naturel ou synthétique d'une hormone disparaît devant sa fonction. Or une loi incontournable (énoncée dans la Théorie Endocrinienne du Terrain par le Dr C. DURAFFOURD) régit le système endocrinien : l'activité d'une hormone est toujours relative par rapport à celle des autres hormones, la même hormone peut avoir une action régulatrice, stimulante, freinatrice, inductrice de réactivités, et ce, de façon physiologique ou pathologique selon les besoins métaboliques, l'état d'équilibre ou de déséquilibre de l'organisme, dans une fonctionnalité générale, spécifique de chacun.

Que serait un concert si chacun jouait sa propre musique sans tenir compte des autres ? Il en est exactement de même de la plus belle des mélodies : celle de notre vie.

"Une hormone végétale, si ça ne fait pas de bien,
ça peut faire du mal."